Revanche méritée [ABIGAIL-MIRANDA]

Cette fois, je fais bien mes lacets. Non mais ça m'énerve d'avoir perdu comme ça. Pour une broutille en plus. J'imagine même pas la honte que Alex a du avoir. Comment j'ai pu me vautrer comme ça face à cette guenon. En plus, je pourrais même pas affronter Maria et ça ça me fait chier mais genre vraiment beaucoup. Je voulais m'amuser moi. Mais non, je me farcie l'autre conne aux gros seins. Pourquoi elle d'ailleurs ? Elle aurait pas pu écraser la petite gueule de mon cousin pour que je m'amuse un peu ? Non parce que là, concrètement, je suis tellement énervée qu'elle va prendre grave cher. Genre si elle pleure pas sa mère, ça va pas le faire. Du tout du tout. Parce que faut pas déconner quoi. Pas deux fois la même chose. Je la laisse pas gagner celle-là. Par contre je vais la défigurer aussi, comme ça elles seront assorties.

Franchement, n'abusons pas, elles n'ont aucunes chances de gagner face à moi, je suis trop puissante pour ça. De toute manière, je les laisserais pas faire. La finale vient de se jouer et Maria a perdu. À moi de redorer le blason de la famille. Je gagne au moins la petite finale. Au moins. Parce que franchement, sinon, je vais pleurer. Mais vraiment. Je n'ai aucune raison de perdre. C'est d'ailleurs pour ça que je me suis préparée. J'ai continué d'échauffer mes muscles pendant le temps de pause comme ça j'y vais au taquet. Personne me grille, je me la fais toute seule et comme il faut. C'est pour ça que quand ils nous appellent, je fonce sur le terrain et l'attends en sautillant. Je vais me la défoncer mon gars.  

- Alors, prête à te faire défoncer ?

Oh je vais bien m'amuser, vraiment.

L'humiliation publique c'est ce qu'il y a de pire au monde. J'ai détesté ça plus que tout au monde et je le hais encore. Comment a-t'il pu se dire que me faire ça le ferait ressortir indemne ? Dès que j'en aurais l'occasion, je lui ferais ravaler sa fierté à deux balles. Jamais, vraiment jamais, on ne me défit sans en subir les conséquences. Les vengeances sont des plats qui se mangent froids. Très froids. Alors pas de soucis, je peux attendre. Lorsqu'il aura oublié, je lui briserais tout ce qu'il a de plus cher. Sans aucune pitié. Parce que je n'en ai pas. Je trouverais son graal, je m'en approcherais puis je le détruirais. Cette fois, la douleur qu'il ressentira ne lui fera aucun bien car elle sera mentale. Un maso, on lui brise pas les jambes pour le punir, on lui brise l'esprit. Et je suis bien déterminée à le faire.

Pour le moment, je m'échauffe. La première victime de ma vengeance sera sa cousine. J'espère pour lui qu'il n'y tient pas trop parce que je vais m'y donner à cœur-joie pour l'amocher. Après tout, elle le mérite bien cette garce. Ce ne sera rien de perdu. C'est pourquoi, lorsqu'on nous appelle, j'entre dans l'arène avec le sourire. Regarde-moi bien Maria, car ce que je vais lui faire subir, un jour ce sera ton âme qui le subira. Ma fierté est immense, tout comme ma rancune. Dommage pour toi.

- Alors, prête à te faire défoncer ?

Je lâche un petit ricanement avant de la toiser de toute ma hauteur.

- T'excites pas la naine. J'ai une rage à faire passer donc attends-toi à payer.

Notre combat risque d'être violent mais je m'en fous. Enfin, il risque peut-être de plaire au Principal et il comprendra peut-être qu'il vaut mieux moi plutôt que Dorofey à ses côtés.

Elle s'éloigne de moi. Tant mieux pour elle. Elle doit savoir que je ne peux agir que dans un certain rayon qui me pénalise un peu. Car oui, l'arène est trop grande pour, qu'au milieu, je puisse atteindre tous les murs. Tristesse. Je soupire et l'observe. C'est une nymphe de l'acide alors je me demande bien comment elle va se battre. Pour une prof de MPD, il y a de grandes chances pour qu'elle use de son pouvoir mais on ne sait jamais. Tout ce qu'il faut c'est que j'assure mon périmètre de sécurité. On a des pouvoirs opposés. Elle est au corps-à-corps et je suis à distance. Pour ce qu'il me faut c'est la plaquer sur le sol.

Soudain, Miranda tombe et se transforme. C'est donc à ça qu'elle ressemble sous sa forme de nymphe ? De là où je suis je ne vois pas grand chose mais de ce que j'ai vu, elle est pratiquement transparente. C'est plutôt étrange. J'imaginais l'acide vert fluo plutôt. Enfin, dans tous les cas, je ne sais pas où elle se trouve. J'ai beau observer le sol, rien n'indique sa position. Par où est-elle passée. La douleur à ma jambe me l'indique. Une brûlure comme je n'en ai jamais ressenti me prend. Je hurle et regarde ma jambe. C'est vraiment bizarre parce que mon leggings brûle à moitié tandis que l'autre se mêle à ma peau qui commence à faire ressortir des veines remplies de lymphe. Quelle horreur ! Heureusement pour moi, la douleur déclenche mon pouvoir et je peux l'attraper et la faire voler dans l'arène. Plus je la maintiendrais éloignée, plus je pourrais retenir mes larmes de douleur. Enfin non, plutôt pleurer et réfléchir en même temps.

Je respire lentement en essayant de ne pas penser à ma douleur avant de prendre une décision. Il me faut la calmer le plus possible et réussir à lui faire reprendre forme bermudienne. Difficilement je tends le bras vers la flaque incolore et l'envoie valser contre le mur de l'arène. Pourvu que cela la calme.

La pute ! Avec la douleur que je lui ai créé, elle vient de m'envoyer valser loin. Maintenant je suis sur le sol et impossible de reprendre ma vrai forme. J'ai envie de hurler de rage ! D'où elle se permet !? Je souffre un peu tout de même mais heureusement que sous ma forme liquide je ressens moins de choses. Son pouvoir est fou, il peut en tuer plus d'un. Je fais frétiller ma flaque en espérant qu'elle en échappe le contrôle. Comment ce fait-il qu'elle contrôle mieux son pouvoir sous la douleur ? C'est tout de même étrange. Pour moi c'est le contraire. Pour beaucoup de monde même, c'est le contraire. Cette fille est vraiment étrange. Cependant, il faut que je trouve un truc pour la mettre hors de combat.

Soudain, me voilà propulsée vers la paroi de l'arène. Je ne comprends rien à ce qu'il m'arrive cependant, ma gravité s'en retrouve libérée dans le choc, me transformant immédiatement. La douleur est horrible. J'ai beau m'être pris le mur sous forme de flaque, mon ventre en souffre. Avec une grimace, je m'écrase au sol en criant. Heureusement, j'ai réussi à ne pas faire toucher le sol avec mes épaules. Maintenant il faut que je m'occupe d'elle. D'ailleurs elle ne semble pas très occupée par le combat, sa blessure est trop intense. C'est pourquoi je dois jouer sur ça, même si je me retrouve ensuite alitée pendant deux semaines. Sans un mot, je me change en acide et avance vers elle. Je redeviens bermudienne derrière elle, saute sur son dos et me transforme à nouveau. La voilà maintenant avec une flaque d'acide sur elle. Si elle n'abandonne pas maintenant, elle est morte.

Respire, Abi, respire. Je me concentre sur mon souffle et essaie de me calmer. Ma jambe me lance comme jamais j'ai connu. Et pourtant j'en ai connu des douleurs. Bref, ne serait-ce que la voir me ferait tourner de l'oeil. C'en est horrible. Comment le Principal ou même les autres spectateurs peuvent apprécier voir ça ? La souffrance d'autrui a l'air de les rendre heureux. Grand bien vous fasse, moi je préférerais être chez moi, un thé dans les mains et blottie contre Tadi. Enfin bon, là n'est pas la question, il faut que j'arrête ce combat et pour ça, il me faut un temps de réflexion. Que puis-je bien faire ?

Un choc dans mon dos suivit d'une douleur encore pire que celle de ma jambe m'arrête toute capacité cérébrale. Je ne sais seulement que hurler ma souffrance. M'a t'elle vraiment brûlé le dos ? Dans une grimace horrible, j'écarquille les yeux et essaie de chercher le Principal. Mes cordes vocales prononcent mon abandon entre deux cris. Si elle ne part pas immédiatement je vais mourir.

Lorsqu'elle descend de mon dos, je me recroqueville en position foetale, le visage baigné de larmes et finalement, m'évanouie sous la douleur. Comment a t'elle pu me faire ça ? Si on ne peut pas me le soigner, je suis finie. Mon pauvre corps de rêve s'est prit cher. J'espère que Kristal pourra y remédier car je ne veux pas finir avec une cicatrice hideuse à cause d'une salope sans cervelle. Je sens des mains me soulever délicatement. On m'envoie certainement à l'hôpital. À moins qu'ils n'osent pas et préfèrent me garder chez eux.

Sa douleur, je la sens. Sa douleur, je l'entends. Sa douleur, je la vois et elle me comble de bonheur. Toujours accrochée à elle, je ronge ses chairs comme jamais je ne l'ai fait. Paye pour ta beauté. Paye pour ta popularité. Paye pour ton talent. Paye pour ton pouvoir. Paye pour tout ce que je n'ai jamais réussi à avoir. Paye d'être la femme que j'aurai voulu être. Alors je reste. Là, doucement, je la regarde hurler, pleurer, souffrir et cela ne me fait rien. Pas même un petit pincement au cœur. Je dois être froide alors. Ou je dois m'en foutre. Qu'importe, j'ai envie de dire. Tant que je gagne. Au moins, je rapporterai 25 points aux Processus.

Lorsqu'elle hurle son abandon, je ne la lâche pas immédiatement. Je reste encore un peu, un tout petit peu, pour faire durer le plaisir. Puis je la quitte, je glisse et me transforme. La pauvre s'évanouit en un soupir. Elle est un peu faible tout de même. J'aurai attendu mieux de sa part. Cela me déçoit mais je ne dis rien. Après tout, ai-je mn mot à dire ? Je viens de la dégommer. On fêtera peut-être ça ce soir avec Maria. On trouve toujours des prétextes pour fêter de toute manière. Et puis je ne suis pas sûre que je puisse fêter ça avec Alexei. Il n'a pas l'air d'avoir notre haine de la O'Neill. Avec un petit sourire, j'adresse un signe au public avant de regagner les vestiaires. Maintenant je vais pouvoir me changer et aller prendre un verre. Quel bonheur.

L'homme souriait derrière son masque si célèbre. Ce qu'il venait de voir lui avait décidément créer un frisson de plaisir. Un tel combat, il n'y croyait plus. La petite Miranda avait fait exploser au grand jour tout le sadisme dont elle était capable. Sans vraiment sans rend compte. Vraiment, il remerciait les Malatesta d'avoir été si dur avec elle car ils en avaient fait son arme de choix. Cette petite lui servirait bien. Pour une fois, il ne fit pas d'annonce et observa la femme à la fois forte et fragile qui se faisait emmener sur un brancard. Son personnel était bien original, comme son lycée.