SCP-257-FR [Sacha - Raphaëlle]

Alors celui-là je le retiens ! OK peut-être que j'ai pas toujours été tendre avec lui, mais tout de même ! Pour une fois que je me dis que je peux faire un effort pour monsieur Charly, cet abruti me laisse en plan ! Je n'adresse même pas un regard à mon binôme, bien trop occupée à fulminer intérieurement. C'est fini, je ne ferais plus le moindre effort pour ce crétin d'écureuil.

Charly avait passé la semaine à me harceler pour que j'aille avec lui à ce foutu manoir, comme quoi il y aurait un truc flippant d'organisé pour Halloween et que ça allait être "trop bien". Pour être gentille j'ai fini par accepter. Evidemment il me fallait un déguisement. J'ai pas cherché bien loin, j'ai troué et déchiré un vieux jean et un vieux t-shirt, je me suis barbouillé du faux sang sur la bouche et pour finir, une paire de lentilles blanches. J'avais déjà l'allure du parfait zombie, pas besoin d'en rajouter plus.

Une fois arrivés sur place, monsieur a décidé de se mettre en binôme avec quelqu'un d'autre, résultat je me suis retrouvée seule avec un mec que je ne connaissais même pas. J'avais enfilé sans dire un mot la blouse que l'homme me tendait. Je du bien évidemment retrousser les manches, tant cette dernière était grande pour ma petite taille.

Dans l’ascenseur je me suis risquée à lancer quelques regards au garçon à côté de moi. Pas que je sois une grande flippé de ce genre de mise en scène, mais si jamais, il sera probablement mon seul soutient moral pendant toute la durée de l'épreuve. Il n'a pas l'air bien méchant, juste un peu distant et réservé, au moins nous sommes deux.

Nous entrons dans une grande salle bétonnée semblable à un amphithéâtre. Sur le grand écran était affiché un logo étrange. J'entend mon binôme murmurer faiblement.

- SCP... Secure Contain Protect... Qu'est-c'que j'fous là sérieux...

J'esquisse un faible sourire désabusé, au moins nous sommes sur la même longueur d'onde. Je prend finalement place à un bureau à proximité du sien et attend patiemment les directives de l'homme.

Je sers la main du scientifique - en même temps c'est pas comme si il m'avait laissé le choix. Une chance pour moi - plutôt pour lui - que mon pouvoir ne c'est pas déclenché. Je sens venir mes nuits blanches des prochains jours, sait-on jamais qu'il me rattrape dans mes rêves.

Qu'est ce que c'est que cette mascarade ? "Dr Willow" ? "zone 42 du laboratoire SCP" ? Je m'attendais à un truc grotesque, style manoir hanté avec des morts-vivants en papier mâché, pas à ça.

Lorsqu'il me tend la feuille je ne relève même pas le fait qu'on devait les apprendre pour "survire" franchement, cette mise en scène est encore plus ridicule qu'une ribambelle de momies en papier toilettes...

Sans vraiment le vouloir je retiens les pictogrammes en seulement quelques coups d’œil, merci à ma mémoire surdéveloppée. Je vois mon binôme prendre la feuille en photo avec son portable. Cela ne nous sera probablement pas utile, ce n'est pas pour me vanter, mais ma mémoire est infaillible.

J'adresse un regard désabusé au scientifique, c'est pas que rester assise bien sagement en écoutant ses divagations me gonfle, mais un peu quand même. C'est totalement blasée que je me décide finalement à lui adresser la parole.

- Bon sinon... Concrètement, on est censés faire quoi ?

Je ne peux m'empêcher de lancer un nouveau regard vers le jeune homme assis au bureau voisin, lui aussi avait l'air un peu médusé de tout ça. Au moins j'aurais parlé pour deux.

Lorsqu'il attrapa le scientifique par le col pour le menacer cela me fit sourire. Si ils pensaient que leur mise en scène allait nous effrayer c'est raté, elle ne fait qu'énerver mon binôme qui semble d'ailleurs peu réfléchit. La violence peu importe sous quelle forme, reste une des actions les plus primitives qui soit.

Malgré son comportement totalement idiot et irréfléchi, je ne peux m'empêcher de ressentir une pointe d'admiration. Je suis certes beaucoup trop intelligente pour avoir une telle réaction, mais surtout beaucoup trop lâche. Voir quelqu'un d'assez insouciant pour faire tout ce qu'il a envie, quitte à s'en prendre à autrui, sans avoir peur des possibles répercutions, ne peut que susciter mon intérêt.

Intérieurement, je me dis que je devrais jouer la comédie avec ce garçon, pour me le mettre dans la poche. Je suis sûre que c'est un esprit facilement manipulable, un peu de psychologie inversée devrait suffire vu le personnage. Ça pourrait toujours me servir un garde du corps, aujourd'hui comme dans les jours à venir.

Bref recentrons le débat.

J'ai vu les images défiler sur l'écran non sans un léger sourire moqueur aux lèvres. Ils veulent vraiment nous faire croire qu'une télévision est capable de tuer des gens ? Désolée, mais pour un esprit aussi rationnel que le miens c'est tout simplement invraisemblable. Je veux bien concevoir à la rigueur, qu'elle puisse afficher des images choquantes, qui peuvent heurter des âmes sensibles, peut-être même "tuer" des personnes cardiaques, mais de là à dire qu'elle pourrait nous attaquer physiquement c'est tout bonnement grotesque.

Je me lève de mon bureau et fais quelques pas vers mon binôme. Ma timidité totalement effacé par mon incrédulité face à cette mascarade, je le regarde un léger sourire moqueur aux lèvres.

- Allons voir cette télé tueuse alors. Lui dis-je sur le ton de l'ironie.

J'espère un peu le détendre avec mon sarcasme. Vu comme il a l'air sur les nerfs peut-être qu'il y croit lui à tout ça ? Cela ne ferais que confirmer ma théorie sur sa simplicité d'esprit.

Je regarde toutes ces portes à mesure que nous avançons dans cet immense couloir. On a vraiment construit cet endroit rien que pour faire une mauvaise blague à des lycéens ? Je vous jure y en a vraiment qui ne savent plus quoi faire de leur argent.

Je regarde mon partenaire du coin de l'oeil, il a l'air tout aussi incrédule que moi. D'ailleurs je ne m'étais pas trompé sur son compte - comme si ça m'arrivait de me tromper - il est encore moins bavard que moi. Franchement j'ai fait l'effort de venir lui parler avec un léger sarcasme histoire de briser la glace et tout ce que je récolte en échange c'est un simple "Hm" ? S'en est presque vexant...

J'avance tête baissée, les mains profondément enfoncés dans les poches de mon jean oversize. Le silence ne me gêne pas, quand on s'habitue à vivre seul il devient même un ami, le plus présent pour moi d'ailleurs. Mais n'allez pas croire que je m'en plains, j'ai appris à faire avec.

En arrivant devant la porte je pose mes yeux sur le pictogramme. Pas de contact visuel, du moins c'est ce que disait la feuille que nous a donné le scientifique. Un homme attend également juste devant l'entrée de cette pièce. Je me demande quel genre de mise en scène ridicule nous attend encore derrière cette porte toujours close. Voilà que je me surprend à m'impatienter, ridicule, la seule chose dont j'ai hâte c'est de retourner au dortoir pour retrouver mon précieux ordinateur.

- Bon les choses sérieuses commencent quand?

Je ne peux m'empêcher d'acquiescer ce qu'il vient de dire d'un imperceptible hochement de tête, alors que mes yeux s'attardent quelques secondes sur le scientifique. Décidément cette soirée devenait de plus en plus bizarre. Je laisse mon regard dériver sur le dossier que je tiens entre mes mains. Je l'ouvre sans la moindre hésitation et le parcours brièvement. Après tout si il nous l'a donné c'est bien qu'on est autorisé à le lire sinon ça n'aurait aucun sens.

J'avoue ne pas m'attarder plus que ça sur ce qui est écrit. Rien que du jargon scientifique avec des délires aussi étrange que cette abominable télé "tueuse". Comment espère-t-il une seule seconde que l'on va avaler ça ? Je suis une Processus mon gars, le paranormal ne fait pas parti de mon vocabulaire, désolée.

Je soupire de plus belles. Faut vraiment que je trouve le moyen de me casser d'ici. Voyant le comportement désabusé de mon camarade je me dis que je ne suis pas la seule à penser ça. Et si on pimentait un peu les choses ? Je ne suis pas très sportive, mais m'enfuir en courant fournirait au moins un peu d'adrénaline à cette soirée morose.

Je profite d'un moment d'inattention du scientifique pour griffonner un mot sur un papier vierge arraché du dossier. « Je sais que tu as autant envie de te barrer d'ici que moi. Attendons le bon moment. Tiens toi prêt à courir. » Ni une, ni deux je le met en boule et le glisse discrètement dans la main de mon partenaire.

Je regarde le scientifique feignant l'innocence, il n'y a vu que tu feu. Ça a ses côtés pratiques de passer quasiment inaperçue au final. Une fois l'attention du scientifique à nouveau détournée de nous je lance un regard appuyer à mon coéquipier, attendant de voir si il approuve mon idée.