~Ren, Renart, Renard, Rainhart. Fox or Rain of Heart?~

Qui est Renart? Renart, c’est Renart. Charmante petite rouquine aux cheveux courts en bataille possédant deux yeux semblables à deux des plus beaux rubis de ce monde. On pourrait croire en entendant ces termes que Renart est une personne exceptionnelle, incontournable. Il n’en est rien, je vous assure… Les mots précédents n’étaient que le discourt qu’aurait pu vous tenir sa gouvernante à son propos. Des termes purement maternels, entre autre… La vérité, c’est que Renart n’est qu’une jeune androgyne de tout juste 17 ans qui n’est pas du tout un exemple de féminité, d’élégance ou de grâce. Bien qu’elle ne soit pas stupide, c’est une grande fainéante qui à tendance à se défiler face aux tâches qu’on pourrait lui confier. Rusée comme un renard, la bougre pourrait vous donner du fil à retordre si vous tenter de la poursuivre: en effet, elle sait se cacher et courir très vite lorsqu’il s’agit de préserver sa tranquillité personnelle! Ce n’est pas pour autant que Ren est une mauvaise personne. Elle est juste à part, bien à l’abri dans son monde, dans sa bulle. Elle n’en est pas insensible pour autant, c’est tout au contraire. Elle voudra volontiers vous montrer une façade dure, de glace, sarcastique et solitaire. Mais, si vous vous donnez la peine de venir à sa rencontre, vous pourrez trouver en elle un être sensible, timide, peut-être peu sûre d’elle, mais surtout toujours prête à vous tendre la main. Tout du moins, si vous ne vous laissez pas rebuter par ses crocs animales aux canines acérées ou par ses oreilles pointues (qui lui donne un petit air elfique, ami des arbres…). On peut dire que ces deux caractéristiques ne sont pas pour lui plaire. On peut même dire que ce sont les principales causes de son isolement, car ils font d’elle la honte de sa famille. Pourquoi cela? Simplement car elle ne possède pas les grandes oreilles animales des Rainhart, ou pire que tout: Elle ne possède pas la queue de renard qui les distingues habituellement des autres. Comment pourrait-on croire qu’elle est une hybride, sans cela? Contre toute attentes, Renart a décidé d’entretenir ses propres caractéristiques à elle pour mieux les accepter. Ainsi, elle lime régulièrement ses canines, et s’est même fait percer le cartilage de l’oreille droite à deux reprises, orné à présent de deux anneaux noirs. Vestimentairement parlant, ses habits larges rendent l’analyse de son sexe difficile. Elle est souvent habillée comme si elle s'apprêtait à partir en voyage, toujours chaussée de ses lourdes bottes de cuir marron-beige à sangles.

- Je t'écoute.
- Et qu'y-a-t-il à dire?

La curieuse acquiesça lentement, comme habituée à ce genre de situation. Mais sa cliente ne cilla pas, passivement assise le regard dur.

- Bon, alors je vais t'aider. Après avoir consulté ses fiche, elle poursuivit: Tu t'appelles Renart Rainhart, tu as 16 ans... Tu sais pourquoi tu es ici?

L'intéressée haussa les épaules de manière nonchalante, tendit que la curieuse prenait note de ses moindres réactions.

- Tu as subis un choc. Je sais que c'est difficile, mais tu vas devoir coopérer si tu veux que je cesse de t'embêter.

Renart sembla hésité. Enfin, son regard recroisa celui de la psychologue

- Par où dois-je commencer, qu'on en finisse rapidement?
- Commence par le commencement.

Il y eut une dernière once d'hésitation dans les yeux de la rouquine, mais elle se dissipa lorsqu'elle reprit enfin la parole:

- Bien, je vais vous raconter.


<< Mon nom complet est Renart-Sun du clan Rainhart, mais aussi loin que je m'en souvienne, mes amis m'appelaient simplement "Ren", mon prénom d'origine Germanique étant difficile à prononcer. Je n'ai jamais connu mes parents, et on ne m'a jamais parlé d'eux. Ça ne me manque pas... Puisque je ne les ai pas connu, ils ne peuvent pas me manquer.
J'ai été élevée par Nancy, une servante du clan qui devint ma gouvernante. Je n'ai jamais connu l'amour maternel, mais j'imagine que l'amour qu'elle me portait peu s'y apparenter. Nancy travaillait pour mon oncle et ma tante. Elle a toujours été adorable avec moi. C'est peu dire... Jusqu'à mes 7 ans, je n'avais jamais vu autre chose que la pièce sombre qu'était ma chambre. Je n'avais pas le droit d'en sortir. Les seules personnes que je voyais, c'était les domestiques et quelques membres du clan. De temps en temps, en été, on m'offrait le droit d'ouvrir la fenêtre qui donnait sur le jardin. Mais je ne pouvais pas y mettre un pied. >>


- J'ai entendu des rumeurs sur une histoire comme celle-ci... Une hybride qui aurait été cachée par sa propre famille.

La narratrice baissa les yeux.

- Un jour, nous avons eu la visite de quelques agents de police. Quelqu'un leur avait donné l'information... Je sais que les Rainhart ont abusés de leurs pouvoirs pour échapper à toutes sanctions, mais ils ne pouvaient plus me cacher.


<< Alors, à partir de ce jour, j'ai commencé à aller à l'école. Étrangement, les cours me paraissaient d'une simplicité enfantine... J'apprendrais plus tard que c'était parce que j'étais en avance grâce aux cours que l'on m'avait donné à domicile. A vrai dire, le plus dur, ce fut pour m'intégrer au reste des élèves. N'ayant jamais eu besoin de me lier aux autres, je ne savais pas comment agir face à eux... Je crois aussi que mes yeux rouges et mes dents pointues effrayaient les autres enfants. Ce qui explique pourquoi j'étais toujours seule, jusqu'au collège. J'avais toujours pensé que le passage au collège marquerait un renouveau... Je ne m'étais pas trompée.
La première à m'avoir approchée, c'est Laetitia. C'était une Mentaliste de mon âge, Laetitia. Et elle était incroyablement belle à mes yeux. Elle avait de long cheveux blonds qui bouclaient légèrement, et de grand yeux bleues lumineux. Elle semblait m'apprécier presque autant que je l'appréciais. Mais, après quelques semaines passés en sa compagnie, je compris qu'elle ne m'appréciait pas tel que j'étais... En effet, Laetitia pensait que j'étais un garçon. Comment lui en vouloir? C'est une erreur commune, lorsqu'on fait ma connaissance. Bien sûr, j'aurais pu lui dire la vérité en m’apercevant de la méprise, mais je n'en fis rien. Je ne vous cache pas que l'idée d'être proche de Laetitia sous les traits d'un homme réveillait en moi un désir profondément enfouis... Et je gardais le secret pendant 3 ans. Il était tellement bien gardé, jusqu'à ce que notre relation prennent la tournure de celle de deux êtres de sexe opposés, qui se connaissent depuis des années, s’apprécient, puis finissent par s'aimer. Et moi, je l'aimais tellement que je ne pouvais contenir la passion qui me rongeait, oubliant que je l'abusais depuis notre première rencontre. >>

La psychologue ouvrit de grands yeux, interloquée.

- Donc, vous l'aimiez... comme un homme?

Renart acquiesça. Une pointe de mélancolie persistait dans son regard.

<< Comme un homme, c'est le mot. Et j'aurais aimé m'unir à elle comme un homme... Mais la nature ne m'en a pas donné les moyens. C'est dans un moment qui se veut crucial dans l'histoire d'un couple que Laetitia à découvert ma véritable identité. J'aurais pensé qu'après tout ce qu'on a vécu, la gentille, la douce Laetitia irait au-delà de ma différence. Oh! combien je l'ai espéré... Mais ce jour-ci, j'ai découvert une autre façade de ma bien-aimée. Elle m'a si brutalement laissée... >>

- Et qu'as-tu ressentis, à ce moment là?

Renart s'agrippait à son siège pour ne pas se lever brutalement dans son accès d'émotion.

- Je me suis sentie trahi, bien entendu! Mais je me suis aussi sentie seule et perdue... Je l'étais. Je l'étais... Mais c'était moi qui l'avait trompée, tout ce temps. C'est pour ça que je me dégoûtais. Je... Je ne voulais plus vivre.


<< Et en entrant au lycée, j'ai découvert tout un monde qui convenait à ma nouvelle image de perversion. Je vais être honnête... Je n'ai aucun souvenir de ce lycée, de toute ma première année d'étude. Je séchais les cours, et dans un quartier peu fréquentable j'ai fais la connaissance de mon compagnon de mauvaise fortune: Robbs. Robbs, c'est celui qui me fit goûté au plaisir de l'illégalité. Je me suis droguée, j'ai bu, j'ai volé... A ses côtés, je savais que j'allais toujours m'en sortir. Il s'en fichait de savoir si j'étais Nymphe, Hybride, un homme, une femme ou les deux. Je pense qu'il voyait en moi l'âme d'un petit soldat, toujours prêt à exécuter ses 100 volontés. J'en étais sûrement un, à cet époque. Mais peu m'importait: C'était si bon de vivre constamment avec le coeur qui bat à vous rompre la poitrine. Vivre dans le danger de l'illégalité... C'était la seule chose qui me faisait me sentir plus vivante que jamais. Même si la voie choisi était sombre, mon existence possédait enfin un sens. >>

- Parles-moi de Kimiko.

Le nom la fit tressaillir. Renart connaissait la véritable raison pour laquelle elle résumait l'histoire de sa vie à cette inconnue. Dans son récit, elle semblait portant s'être perdue, et revenait soudainement à la réalité en entendant ce nom... Ce nom, Kimiko.

- J'y viens. Reprit-elle en fronçant les sourcils, le regard toujours aussi dur.


<< Un soir, Robbs m'emmena dans un bar où nous entrâmes facilement à l'aide de fausses cartes d'identités. Je mentirais si je vous disais que l'ambiance y était saine... Robbs devait y faire un saut pour livrer un client. Finalement, il s'y attarda pour prendre quelques verres avec celui-ci. De mon côté, j'attendais sagement qu'il ait fini. >>


La psychologue haussa un sourcil, sceptique.

- Il est vrai que j'ai dû prendre quelques verres... De toute façon, tout le monde pensait que j'étais majeure, et l'addition allait à Robbs. Finit par précisé la narratrice, après hésitation.


<< Je n'y voyais plus très clair lorsque Kimiko se présenta à moi. Elle était tout à fait l'opposée de Laetitia. Brune, grandes aux cheveux lisses virevoltant derrière elle avec une grâce interdite... C'était une beauté sensuelle. Aussi rare que ma précédente compagne. Elle m'a souris, s'est approchée de moi, et m'a prise par la main. Sans réfléchir, je me suis levée et je l'ai suivie. Kimiko connaissait mes vices, et ça ne l'as pas empêchée de m'aimer... >>


- Vous avez...?

Renart se tu. La question était indiscrète. Une certaine gêne du sujet abordé persistait de manière évidente au fond de l'interrogée. La psychologue préféra se taire à son tour. Après un instant de silence complet, Ren finit par poursuivre son récit:


<< Depuis ce soir, Kimiko, Robbs et moi devenions inséparable. Je continuais d'exécutés les petites livraisons que me commandait Robbs, mais j'avais gagné en plus l'amour de Kimiko. Mais pouvions-nous réellement parler d'amour? Je n'en sais rien. Et je m'en fichais. Je ne rentrais que rarement, mais je m'assurais de ne pas laisser passer entre deux retours à la maison. Mais, car il y a toujours un "mais", il y eut une semaine différente des autres. Cette semaine là, c'était la semaine de congé de Kimiko. J'en avais profité pour moi-même prendre congé auprès de Robbs, et nous avons pu passé une merveilleuse semaine en tête à tête. A l'issue de celle-ci, Kimiko insista pour à quoi ressemblait la demeure des Rainharts. >>


Renart suspendu son récit, comme soudainement tétanisée à l'idée de le poursuivre. Son auditrice le remarqua et n'en fut que plus captivée. Elle touchait à son but... Et toutes deux le savait. Renart se serait attendu à ce que la psychologue essaie de la convaincre à le poursuivre, mais elle n'en fit rien. Ce fut à la rouquine de se convaincre de le poursuivre. Peut-être pour son propre bien? A présent, seul l'avenir le lui dirait. Elle se lançait, la voix tremblante:

<< Comment aurais-je pu refuser? Puisqu'elle m'avait si longuement invitée chez elle. Je dois également avouer que je ne me sentais pas affrontée seule le monde, leur révéler seule et par moi-même que... j'aime les femmes. C'était impossible pour moi. De toute façon, nous n'aurions normalement jamais eu à faire face à ma famille. Il faisait nuit lorsque nous nous sommes introduit dans la demeure familiale. Elle fut la première personne extérieur à voir cette sombre chambre dans laquelle j'avais passé seule les années tristes de mon enfance. Avec elle, j'avais l'impression de voir ces années tristes s'estomper pour disparaître. Kimiko était ma douce diablesse, qui m’enivrait et finissait par me faire oublier tout le reste. Je ne prêtais plus attention à rien d'autre qu'elle... Et nous avions fini par réveiller Nancy, ma gouvernante, qui dormait à côté. En nous trouvant toutes les deux, elle poussa un cri d'horreur. Paniquée, Kimiko se jeta sur elle pour la faire taire. Trop tard... Le visage sévère de ma tante avait déjà fait son apparition. Sa réaction fut la pire: Elle attrapa un ciseau posé sur la coiffeuse et me le lança violemment au visage. Le sang me brouilla la vue. Je me souviens avoir entendu un autre cri de ma gouvernante. Elle s'inquiétait pour moi. Kimiko aussi poussa un cri, mais de rage... A travers le sang qui me coulait sur les yeux, je pu voir une pointe brillé. Réflexe pris d'une vie dans la rue: Kimiko avait sorti son couteau face à la violence de ma tante. Il y eut une longue bagarre entre les deux femmes qui tentaient mutuellement de s'arracher l'arme. Soudainement, je rassembla mes forces et me releva. Je ne sais pas qui avait l'arme à se moment là, tout ce que je savais c'est qu'une des deux s'apprêtait à poignarder l'autre. Je n'ai pas réfléchis, j'ai simplement tenté d'arracher l'arme de sa main. >>


- Mais...

La psychologue passa sur Renart un regard analytique. Avait-elle réellement besoin d'entendre la suite? Car cette suite, elle était facile à deviner quand on connaissait la situation dans laquelle se trouvait à présent la jeune Hybride.

- Que s'est-il passé, Renart. Jeta-t-elle froidement.

- Je ne l'avais pas vu... Nancy était resté en retrait tout ce temps.

- En essayant de les séparer, c'est toi qui à poignardé Nancy avec l'arme de Kimiko. C'est... c'est toi qui l'as tué.

Renart se décomposa. Le seul mot semblait avoir sur elle l'effet d'un électro-choque. Elle commença à balbutier une série de sons incompréhensibles, puis des larmes courraient sur ses joues. On frappa à la porte. La psychologue donna l'autorisation d'entrer aux visiteurs, qui s'avérèrent être deux agents de police. Renart était toujours dans un état second, mais les policiers l'aidèrent à se lever et l'un des deux l'accompagna dehors. L'autre resta en tête à tête avec la psychologue.

- Vous croyez qu'elle va s'en sortir? S'inquiéta-t-elle, s'accrochant vivement au bras de l'agent.

Celui-ci se dégagea d'un geste brusque, pris de court.

- Avec ces éléments, elle ne devrait pas être inculpée. Tout ce don elle écopera, ce sera une petite année de retard dans ses études, tout au plus. Par contre, psychologiquement... J'imagine que vous êtes bien placé pour savoir le poids qu'elle devra désormais porté.



<< Et c'est sur ces mots que se clôture mon passé... Comme promis, je ne fus pas mise au fer. Mais j'avais tué la seule femme qui m'eut aimé sincèrement, celle qui fut comme une mère pour moi. Même si c'était accidentel, pouvez-vous vous imaginé ce que ça fait? Au moins, ce fut radical. Ma culpabilité me poussa à arrêter drogues, boissons, et même les femmes. Je devins le pariat de ma famille... Me direz-vous, je l'étais déjà depuis ma naissance. Mais cette fois-ci, ils avaient été jusqu'à m'exclure de la demeure familiale. Je n'y rentrais plus, dormais au dortoir du lycée. Je ne cherchais plus à me lier à qui que ce soit, j'avais même coupé tout contact avec Robbs et Kimiko qui n'avaient par ailleurs pas cherché à prendre de mes nouvelles. Je m'étais mise à la pêche, seul moyen que j'avais trouvé pour me vider l'esprit. Une année passa, et je me sentais enfin sereine. A condition, bien sûr, de rester loin des autres... Mais la reprise du lycée me força à côtoyer quelques personnes aux quotidiens. Encore une prédiction qui s'avérait validée: j'avais pris une année de retard sur mes études. Par contre, ce que je n'aurais pas pu prévoir, c'est le châtiment que me réservait ma famille. Ils décidèrent en effet de me changer de lycée, ce qui dit comme ceci ne fut pas un mal. Ce lycée se situait justement non-loin de la résidence, ce qui me fit penser au premier abord qu'au lieu de me punir, ils avaient décidés de réparer le tord qui m'avait été fait et de me rapprocher pour mieux m'intégrer. Ou peut-être pour avoir constamment un œil sur moi...? Pire que tout. Ils m'envoyaient à Xényla. J'avais entendu parlé de cet endroit de la bouche de Kimiko. C'était un lycée très spécial où on pouvait se battre librement. Un programme pour nous faire développer nos compétences personnelles. Se battre? Je détestais ça. Mais toute erreur se paie, bon gré mal gré...
Je ne sais ce que l'avenir me réserve. Je ne peux qu'espérer, au fond de moi, que cette nouvelle page de mon histoire sera rédemptrice. >>