Mon histoire commence au moment de ma naissance, ne vous vexez pas s'il vous plait, mais je ne me souviens de rien avant mes trois ans. Mon premier souvenir digne de ce nom remonte à ma rentrée en maternelle.
J'étais encore un bébé, et un bébé en toute logique veut sa maman. Et il ne veut en aucun cas la lâcher pour aller dans un endroit remplie de bébés qui crient avec des adultes qu'il ne connait pas. C'est donc pour cela que ce fameux jour, je hurlais et me débattais pour rejoindre les bras de ma mère. Son visage triste me montrait bien qu’elle n’était pas insensible à mes larmes et si cette autre femme n’était pas intervenue, je crois que j’aurais pu rentrer à la maison. C’était une belle femme à la belle chevelure rouge. Elle s’était approchée de moi, le sourire aux lèvres, et m’avait demandé ce pourquoi je pleurais. J’avais répondu que je ne voulais pas quitter ma mère et elle m’avait fait remarquer que je ne deviendrais jamais un homme capable de la rendre fière si je restais dans ses bras à pleurer. Par la suite elle avait beaucoup parlé à ma mère et j’avais séché mes larmes, me résignant à mon triste sort. C’est alors qu’il était apparu, Robyn. Un petit garçon à la même chevelure que la femme.
- Si tu veux, on peut devenir ami ?
Je me souviens lui avoir souris et c’est à partir de là que tout a commencé. Un acte anodin marqueur de toute une vie.
En passant les souvenirs inutiles et, allant directement à l’essentiel je vais vous raconter cet autre passage de ma vie.
J’avais 8 ans, et j’étais avec ma mère, Emilie et mon père, George. Nous dînions. Il devait être pas loin des dix heures du soir et il faisait déjà nuit vu l’époque. Je me souviens très bien que j’allais engloutir une fourchette de la délicieuse purée maison de ma mère lorsque quelqu’un toqua à la porte. Cela ne pouvait être qu’une broutille, mais cela m’ait paru assez important pour que je remette pour plus tard ma petite purée. Je sortis de table sans rien demander, je savais que quelque chose n’allait pas. Je fonçai vers la porte pour découvrir, mon ami. Mon seul ami salement amoché. Robyn se tenait là, l’œil bleu, et les larmes innombrables. Mon père qui était resté un peu choqué me regarda prendre mon ami dans mes bras. Je le vis échanger un regard avec ma mère te il fit entrer Robyn. Je savais déjà un peu ce qu’il se passait à cette époque. Ma mère l’avait dit un soir à mon père et j’avais gentiment écouté leur conversation. Mais pour lui, je n’en ai pas parlé. Il souffrait déjà assez comme cela, il me racontera quand il se sentira prêt.
Par la suite, ma mère a mis une autre assiette sur la table et on mangea de la purée en famille, même si l’ambiance était un peu tombée. Robyn resta un moment chez moi et ce n’était pas vraiment gênant vu comme j’étais proche de lui. On passait tout notre temps ensemble, on était inséparable. A cette période-là j’étais persuadé que rien ne pourrait jamais nous séparé. Nous étions les deux super-héros face au monde et les méchants n’avaient qu’à bien se tenir !
Quelques années après...
J’étais âgé 16 ans. Je venais de devenir lycéen dans un des lycées de la partie nord de l’île. Je vivais des jours heureux. Robyn était encore avec moi. Nous étions toujours l’un avec l’autre, on faisait tout ensemble, mais à ce moment-là je ne pensais pas si bien dire.
Il y avait une fille, comme beaucoup de garçons de mon âge, qui me plaisait. Une jolie fille évidement et le meilleur dans tout ça c’est que j’avais l’air de lui plaire aussi. Je parlais souvent d’elle et j’étouffais Robyn avec mes espoirs dégoulinants. Lui, n’était pas comme moi, il ne voulait pas être avec une seule fille. Je la voyais régulièrement après les cours et j’étais persuadé d’en être tombé amoureux. Je voulais lui dire, mais j’étais un peu trop timide pour me lancer comme ça. Donc un jour, j’ai demandé à Robyn de m’attendre au parc pour qu’il soit dans les parages quand je lui demanderai de sortir avec moi.
Le jour fatidique arriva, et j’eus le malheur d’avoir quelques minutes de retard. Lorsque je trouvai enfin – la fille – c’était dans les bras de Robyn. Ils ne lâchaient pas, tout comme leurs lèvres. Je suis resté sous le choc quelques secondes avant que mon poing ne s’enfonce dans la mâchoire de mon « ami ». J’étais vexé, blessé, trahi. Je n’ai rien dit, pas un mot n’a voulu franchir mes lèvres. Je suis parti avant que je ne devienne fou de les voir comme ça. Je l’aimais vraiment cette fille et c’est ce moment-là que j’ai réalisé, qu’on ne pouvait avoir confiance en personne. Que les grandes attaches font souffrir. Les deux personnes à qui je tenais le plus venaient de me trahir.
Par la suite, j’ai totalement ignoré les appels de Robyn je ne voulais plus avoir à faire avec lui. Je ne voulais plus voir le visage de –la fille- à chaque fois que j’allais au lycée. Pour penser à autre chose, j’enchainais les filles, mais je me rappelais à peine leurs noms. Je restais avec une, juste assez de temps pour en trouver une autre. Je ne construisais aucune attache. Au bout d’un moment ce petit jeu me lassa. Je ne voulais plus me réconforter dans des bras inconnus, je voulais oublier, tout. Robyn, -la fille- appartenaient au passé.
Après des longues discussions avec mes parents je finis enfin à les convaincre d’intégrer le lycée Xényla. Un lycée réputé pour son haut niveau, mais aussi pour sa violence. C’était exactement ce qu’il me fallait. Extérioriser autrement que par les filles et loin de ceux qui m’avaient fait souffrir. C’est donc comme cela que j’ai intégré ce lycée pour mon entré en première. Je voulais repartir de zéro, oublier mon passé.