Ce n’était pas sa scène. Bien sûr que non. Maroussia se sentait comme une verrue au bout d’un nez avec ses basket et son tshirt trop large au milieu de toutes ces chaussures vernies et cravates. Mais il pourrait le faire. Pour Tchaïkovski. Parce que quand la compagnie de danse locale décide de monter une représentation de Roméo et Juliette, on y va. Même si on a pas de cravate. Maroussia n’avait qu’un homoncule pour l’occasion, un petit, avec des ailes, perché dans son écarteur.
La représentation était époustouflante, bien sûr, une heure de grâce et d’émotion, que Maroussia s’empresserait de coucher sur papier. Et s’il essuie une larme ou deux, qui devait être au courant ?
Encore bouleversé, la tête dans les nuages, il sortit de la salle de concert pour se retrouver face à un banquet. Et si Maroussia refuse un jour des cacahuètes gratuites, qu’on le mène à l’hôpital !
Pendant que Maroussia se servait en arachides grillées, l’homoncule descendit de son épaule pour explorer la table du banquet. Maroussia le suivit des yeux, prenant garde à ce qu’aucun des convives ne lui fasse de mal. Mais non, le petit bonhomme d’encre le pris entièrement par surprise en plongeant dans un coupe de champagne. L’homme le fixa, interdit, avant d’exploser de rire devant tant d’effrontement.
Il n’y a que quand on fait dix centimètres de haut que l’on peut s’offrir un piscine de champagne. Et tant pis si on le juge, mais c’est vraiment trop drôle.