Passage restreint [Yuuma - Oscar]

Cette épreuve n'est pas faite pour les grands comme moi. Et elle est encore moins faite pour les corpulents. Je vous dis que vous n'avez pas intérêt à être claustrophobe car il s'agit là d'une épreuve difficile à vivre. 
Le duo est composé de deux garçons. J'aime bien leurs déguisements. Ils ont des costumes plutôt originaux. Mais je plains le grand aux cheveux rouges... Le pauvre, il va avoir du mal à faire épreuve...
Le guide est un enfant souriant. Il les amène tout en sautillant jusqu'à l’ascenseur pour descendre. Une fois arrivés en bas, l'enfant perd le sourire et pris d'un air inquiet les regarde.

-J’espère que vous allez réussir... Monsieur Von Karma n'aime pas faire les choses à moitié.

Hum... Ce gamin me déçoit. Il ne devait pas parler de moi... Quel imbécile ! Je vais baisser sa paye de moitié tient !
L’ascenseur est donc arrivé dans leur salle. Le jeune garçon les laisse sortir et repart avec l’ascenseur. Il n'y a rien à part un trou avec un énorme panneau où il y a écris "Par ici".

En passant une main dans mes cheveux actuellement teints en vert, je ne peux m'empêcher de sourire. Dans tout cet attroupement de jeunes, seuls Yuuma et moi dénotons en étant parfaitement dans le thème. Notre costume fait peur et nous sommes extrêmement bien maquillés. On dit merci qui ? Merci le club d'hôtes. Il ne faut pas croire, au Host Club on se déguise assez souvent ce qui donne de l'expérience. Nous avons la classe et nous nous faisons remarquer pour notre beauté. Que voulez-vous, Xényla héberge des perles.

Il y a une semaine de ça, j'avais appelé le Liberté pour qu'il m'accompagne à cette soirée, ça nous permettrait de nous rapprocher de nouveau et je pourrais essayer de refaire ma pub. Il a quitté le club depuis qu'il est avec Duvley donc c'est assez agaçant. Mais heureusement, il n'a pas l'air de m'en vouloir pour ce que j'ai fait il y a un an de ça. Ouf. Ça m'aurait fait chier de perdre un pote pour une meuf. En soupirant, j'attends qu'on vienne nous chercher. On a signalé notre binôme et des gens sont déjà entrés dans le manoir, ça risque d'être bientôt notre tour. En effet, un gamin vient nous chercher et nous conduit à un ascenseur en sautillant. Relou l'enfant.

- J'espère que vous allez réussir... Monsieur Von Karma n'aime pas faire les choses à moitié.

Von Karma ? Sûrement le fou qui a inventé ce manoir. Je hausse les épaules et ne réponds pas. À quoi ça sert ? Si Yuuma veut taper la discut' avec ce mioche, qu'il le fasse. Bref, on arrive, la porte s'ouvre puis se referme derrière nous. Lol. La pièce est vide à par un panneau qui nous indique la sortie. Et un trou au milieu. Gros le trou. Je pâlis et secoue vigoureusement la tête en riant jaune.

- Lol, Nop. Je traverse pas ça. Hors de question.

Les cons. Pourquoi ils nous ont mis dans une salle avec un trou ? Sérieux, j'ai le vertige moi. J'aime pas ça du tout. Du tout. Du tout.

Je crois que Yuuma me parle mais je n'y fais pas attention. Mes pensées sont toutes concentrées sur ce putain de trou. Un trou. Qui met un trou dans son manoir ? Sérieux, c'est dangereux et tout. Imaginez, on tombe dedans. Par l'Unique je vais pleurer. Pourquoi je suis pas resté dans ma chambre, à regarder un film avec Elias ? Ça aurait été calme. Tout bien comme il faut. Vraiment, j'aurai préféré. Ben beaucoup beaucoup.

Mais apparemment, on veut ma mort. Il me semble que le bras de Yuuma m'encercle et... NON MAMAN JE VEUX PAS MOURIR ! HAAAAAAAAAA ! Honnêtement, je crois que mon cerveau a décroché dès les premiers centimètres de chute. Il m'a traîné dans ce trou. Il m'a fait tombé dans ce putain de trou. Je vais pleurer. Je crois que je pleure. Non ça va en fait, mon corps se retient.

Lorsqu'on tombe dans le filet, je crois que je manque de me faire dessus. Mais heureusement pour ma fierté, je ne le fais pas. Tout tremblant et livide, j'arrive à me faire tomber sur le sol et reste en PLS quelques minutes. Là, c'est tout Oscar, le sol est dur, tout va bien. On respire, doucement, doucement.

- Y-Yuuma... Plus... Plus jamais tu me fais ça...

Ouh, la belle voix chevrotante. Vraiment, ce mec m'a tué. Merci poto, plus jamais je fais des jeux comme ça avec toi. Plus jamais. Encore quelques minutes plus tard, je me redresse enfin et remarque le couloir qui s'enfonce de plus en plus. En haussant timidement les épaules, je m'y engage. De toute manière, Yuuma me suit, j'ai pas besoin de lui dire. Plus on avance, plus c'est noir, plus c'est petit. À moitié à quatre pattes, je rigole.

- Tain, après avoir décidé de nous tuer avec un trou, ils veulent nous écraser. Sympa les gars.

Ouais, l'humour jaune on appelle ça.

Ramper, au bout de cinq minutes, ça devient chiant. On commence à avoir mal aux coudes, aux genoux, puis le costume non plus n'aime pas. Je vous jure que ma chemise ne va pas rester violette très longtemps. Mais j'avance quand même. De toute manière, celui qui doit le plus en chier c'est Yuuma. 1m65 c'est plutôt sympa dans ces coins là. N'empêche qu'on dirait que c'est fait exprès. Le trou pour moi, le tunnel pour lui. Manque plus grand chose pour nous faire galérer. Mais cette pénombre qui devient de plus en plus grande, c'est gênant tout de même. On y voit rien du tout.

Ah ! On dirait que ça ne descend plus ! Est-ce qu'on a de la chance ? Je crois qu'on peut dire ça. Je continue donc de ramper, le petit sourire aux lèvres. On va la réussir cette épreuve à la noix. Soudain, des sifflements se font entendre. Non, déconnez pas, ils ont vraiment mis des serpents ? C'est des malades quand même. Non, non c'est trop dangereux. On continue, ça va aller. Mais les sifflements deviennent de plus en plus menaçants et on finit par se faire attaquer.

- AAAH PUTAIN DE SALES BÊTES DE SA RACE !!!

Beautiful language by Oscar Eldredge. Non mais honnêtement, tout le monde a cette réaction face à cette attaque. Je hurle donc, me tape tous les morceaux de mon corps contre les parois de ce couloir, manque de mettre un coup de pied dans la face de Yuuma. Bref. Je suis ridicule. Alors dernier recours -on peut difficilement reculer- j'avance mon bras et essaie d'en chopper un. Genre celui qui cherche à agresser mon bras. Punaise, y a rien. Au bout de cinq tentatives, je finis par comprendre que ce n'est pas de vrais serpents. À force, on aurait senti des écailles.

- YUUMA C'EST PAS DES SERPENTS. JE SAIS PAS CE QUE C'EST MAIS FAUT AVANCER.

Je cris pour couvrir les sifflements mais aussi pour me convaincre moi-même. Quand nos sens nous trompent, la raison peut difficilement nous remettre sur le droit chemin. Donc continuer à avancer me demande un effort surhumain. Donc mon rythme est encore plus lent, surtout avec mon visage tout crispé vu que je m'efforce de fermer encore et encore les yeux. Si je les ouvre, je vais y croire à nouveau.

Passer entre ces je-ne-sais-quoi qui ressemblent énormément à des serpents, c'est un tantinet dérangeant. Honnêtement, je ne sais pas comment j'arrive à me tirer au fur et à mesure dans ce couloir. Mais on en voit le bout. Je vois une petite lueur donc je suppose que c'est la sortie. Cela me donne l'énergie pour continuer à me tirer. Si bien que je ne regarde pas trop sur quoi j'atterris. Du moins, le temps que Yuuma sorte. Parce que très vite, je me rends compte que je ne suis pas sur un sol normal. C'est des vitres. De grandes vitres. Avec vue sur cascade.

Sincèrement, je pense que j'ai tourné de l'oeil une demi-seconde avant de me reprendre. En regardant le plafond et en essayant de me convaincre, je sens mon corps trembler et mes yeux s'embuer. Je vais mourir. Vraiment, je vais mourir. Nous n'avons que deux choix. Soit l'échelle pour aller en bas. Mais de un, jamais je ne pourrais mettre un pied dessus, de deux, je pense que l'on doit remonter et non descendre. Soit le couloir en face. Sauf que les murs ont l'air de se resserrer aussi et pour Yuuma, ça a être la mort. Et que pour moi, il me faut traverser cette immense baie vitrée. J'en pleure, vraiment.

- Y-Yuu-Yuuma... J-je te lai-laisse choi-choisir... D-dans les d-deux cas, t-tu devras m-me trainer...

Je vous jure, je veux être en pls dans mon lit. Ou dans les bras d'Elias. Mais tout sauf ici. Vraiment. J'en peux plus.

Parfois, sur notre route, on nous place des amis en or. Yuuma c'est l'un d'eux. Vraiment, si il n'était pas là, avec moi, pour faire cette épreuve, j'aurai déjà rebroussé chemin et cracher sur ma fierté une centaine de fois. Non mais sérieusement, si je ne meurs pas dans cinq minutes, c'est un exploit. Bref. Tout ça pour dire que je suis actuellement sur le dos de Yuuma, les yeux fermés. Si les filles qui fréquentent le club d'hôtes voyaient ça, elles seraient au bord de l'hémorragie. Le Yuuscar, qu'elles appelaient notre pairing. Les aînées s'arrachaient pour pouvoir passer du temps en notre compagnie. Un jour, faudrait que je lui en reparle. Je demanderai au gérant si il a filmé. Si oui, au moins cette expédition aura servie à quelque chose. On est peut-être pas archi famous en dehors des murs de Xényla mais comptez sur moi pour devenir le Roi sans contestations.

La lumière s'amenuise de plus en plus et bien malgré moi, je dois descendre sur ces plaques de verre. Mais je m'efforce à rester accrocher à mon ami et à avancer les yeux fermés. À un moment, le passage est bloqué, nous ne pouvons plus avancer. Dire qu'on a fait tout ça pour revenir au point de départ. Soudain, quelque chose tombe derrière moi et bloque le chemin. Je sais même pas ce que c'est. Et il y a des craquements. Hors de question d'ouvrir les yeux, je ne veux pas me voir mourir.

- Tu sais Yuuma... En vrai je t'avais proposé cette sortie pour qu'on reparle du club d'hôtes...

Oui, on va décéder donc autant lui dire ce que j'ai sur le cœur.

- Il n'y a pratiquement aucun membre et je peux difficilement contenter des filles dans ce cas là... J'ai besoin de toi, tu es un ancien capable de m'aider... M'aider à trouver de nouvelles recrues.

J'ose enfin ouvrir les yeux, des yeux embués en direction de Yuuma, que je tiens toujours par le bras. S'il vous plaît, faites qu'il accepte.

Honnêtement, je suis au bord des larmes. Je vais mourir, Yuuma n'a pas compris mes dernières volontés et j'ai même pas pu dire à Elias que je l'aimais. Quelle tristesse. Quel désespoir. Je sens, lentement, une petite goutte salée se former sur le coin de mon œil lorsque la lumière s'allume sans crier gare. C'est bien trop vif et ça me fait lâcher un petit couinement aiguë. Qui a fait ça ? Ça fait un mal de chien voyons !

Il me faut un temps d'adaptation pour comprendre que c'est fini. Le couloir s'agrandit de nouveau et on peut apercevoir un ascenseur dans le fond. Quel bonheur, tout est terminé, nous pouvons respirer. Je jette un coup d'oeil au sol et mon corps se serre. Rectification, on ne pourra respirer qu'une fois en totale sécurité. Je pousse donc mon ami vers la sortie. Nous en avons tous les deux besoin. En plus, il parait qu'il y a un banquet à la fin donc ça me requinquera. Mais c'est certain, cette nuit, je dors avec mon frangin, sinon, je vais vraiment faire des cauchemars. Il n'y a que lui qui arrive à m'apaiser réellement et ça me soulage. Après une expérience comme celle-ci, c'est absolument nécessaire.

Une fois dans l'ascenseur, je souffle un grand coup et me pose contre la paroi en souriant. Enfin c'est fini. Pour de bon.

- Et bien ! Quelle aventure ! Le buffet a intérêt à être garni parce que là, je vais faire un scandale.

C'est dit sur le ton de la rigolade mais j'avoue prier pour que ce soit vrai. Il fait vraiment que je me requinque.