Bienvenu à toi [HONETTSU]

Sommeil profond. Sonnerie. Fracas du réveil contre le sol. Mes matinées se ressemblent toutes. Je m'assois sur mon lit et m'étire. Ça fait bizarre d'être seul dans sa chambre. Ma colocataire est partie il y a deux jours. Elle est sûrement rentrée chez elle. Au moins elle en a un. Moi je ferais tout pour ne pas remettre les pieds dans le manoir des Eldredge tant que Mère sera vivante. Et il semble être de même pour Elias. Je soupire et quitte mes couvertures. Même si c'est idiot je dois avouer que ses peluches vont me manquer. C'est un vide étrange. D'un pas lent je gagne la salle de bain. Lorsque j'en ressorts une demi-heure plus tard je suis propre, coiffé, habillé d'une unique serviette verte, parfumé à la menthe. Bref je suis beau. J'attrape des affaires et dix minutes plus tard me voilà vêtu d'un short vert, d'une chemise à jabot blanche, d'une jaquette noire, d'un nœud vert émeraude et d'une paire de chaussures vernies noires. Décidément j'ai la classe.

Je passe une main dans mes cheveux pour me donner un air plus charmeur puis quitte ma chambre pour aller prendre mon petit déjeuner. Cela fait, je reviens dans ma chambre pour me brosser les dents et prendre mon sac de cours. Aujourd'hui je voudrais être en Origine. Je n'ai aucune envie d'aller m'assoir sur une chaise pour écouter les idioties gestuelles et auditives des profs. Oui je suis méchant. Tous les profs ne sont pas idiots. Ceux de maths, de sciences et de technologie sont biens et évidemment, Mlle Malatesta est aussi une adorable prof. Oui adorable. Elle a beau être sévère et aller droit au but elle s'habille comme une gamine de 5 ans, mavec beaucoup de style soit dit en passant, mais cela reste du rose bonbon. Y a que son caractère qui nous permet de la prendre au sérieux. Et son métier aussi. On fait pas prof de MPD sans grande motivation, ni grand pouvoir. J'ai entendu dire que c'était une nymphe d'acide. Quand on contrôle l'acide on est un peu le dieu tout puissant. Je suis bien content qu'elle soit notre prof principale. Au moins on risque pas grand chose.

Bref, je me rends en salle de EFD comme si j'allais être pendu. Soudain une main m'arrête. Est elle salvatrice ? Je me retourne. C'est un surveillant. Il semble pressé et pas très heureux de devoir me parler. Je crois que l'administration me croit égocentrique. À moins que ce soit mon pouvoir qui provoque ses réactions. Mais passons. L'homme sert les dents une dernière fois avant de me délivrer son message.

- Tu dois te rendre immédiatement à la Vie Scolaire. Tu es exceptionnellement dispensé de cours. Il y a un nouveau dans ta classe, tu seras chargé de tout lui expliquer. C'est à dire, le jeu des clés en passant par l'emploi du temps et l'horaire des douches. D'ailleurs ce sera ton nouveau colocataire. Bref, dépêche toi, ne le fait pas attendre.

Merci nouveau venu ! Au revoir cours ennuyants, je préfère largement être le guide d'un nouveau. Ça me permet d'être connu. Je cours jusqu'à la vie scolaire. Que dis-je, je vole. Les ailes de la liberté ont poussé, je peux souffler. Enfin arrivé je me recoiffe un coup, me calme puis toque à la porte. Lorsque la CPE me dit d'entrer, je le fais tout sourire. Le nouveau se tient assis sur une chaise. Il est grand et sa carrure en impose. Avec mes 1m60 je n'en mène pas large moi. Mais je garde le sourire en toute circonstance tandis que j'écoute les ordres et m'assois dans un fauteuil très confortable. La CPE prend la parole.

- Hōnettsu voici Oscar Eldredge, un élève de ta classe. Il va te faire découvrir l'école et tout ce qu'il y a à savoir. J'ai tout à fait confiance en ses capacités pour te le désigner comme guide. De plus il sera ton colocataire. J'espère que vous vous entendrez bien.

Je hoche la tête et tends la main au nouveau. Avec un sourire bien sur.

- Bienvenu Hōnettsu. J'espère que tu te plairas à Xényla et plus particulièrement dans la classe Processus. C'est un honneur pour moi de te présenter notre école.

Honneur puisque c'est mon premier accueil. C'est pas quelque chose qui se rate ça. La CPE tend des papiers à Hōnettsu, certainement notre emploi du temps, et nous invitent à sortir. Nous nous exécutons et une fois dehors je me tourne vers lui.

- Ici nous sommes dans le bâtiment administratif. On y trouve entre autres la vie scolaire, la salle des profs et la salle de réunion ainsi que le bureau du Principal. La salle de réunion t'est interdite. Seuls les membres de l'administration, les délégués et les bras droits ont le droit d'y mettre les pieds. Quand au bureau du Principal... Mieux vaut pour toi de l'éviter.

D'un geste de la main je l'invite à sortir dans la cour. La suite de la visite se déroule par là.

Je traverse la cour. Je compte bien lui présenter tout le lycée. Quitte à être dispensé de cours, autant l'être toute la journée. Je marche donc, accompagné de mon nouveau avec un nom étrange. Hōnettsu. Qui appelle son fils Hōnettsu ? Y a t'il qu'Elias et moi avec des noms normaux dans ce lycée ?

- S'il te plaît, appelle moi Nett...

Un surnom. Je déteste les surnoms. Vraiment, ils m'horripilent. Sauf que là ce petit gars n'a pas de chance. Son prénom est bizarre et son surnom encore plus. Il a juste enlevé le Hō et le su de son prénom. Super Ringard en force. Heureusement, la franchise n'est pas une de mes qualités. Je me tourne vers lui avec mon grand sourire habituel.

- Et bien Nett, je vais te montrer depuis la cour les bâtiments.

Je pointe du doigt un premier bâtiment qui jouxte le bâtiment administratif.

- Voici le bâtiment principal. On y trouve les salles de classe, les casiers, la salle de repos qui est le territoire des Origines, le laboratoire qui est notre territoire, etc...

Mon doigt se dirige vers un autre bâtiment.

- Là bas c'est les dortoirs. Dans chaque chambre il y a trois lits, une salle de bains et tout ce qu'il faut. Ils sont vraiment bien équipés.

Je dirige ensuite mon doigt vers un bâtiment tout délabré.

- Là c'est le bâtiment désaffecté. Deux anciennes classes y ont habité pendant deux mois. Maintenant le bâtiment est en ruine. Il est interdit d'y aller sous peine de grosses sanctions.

Un sourire angélique plus tard je m'adosse à la fontaine qui trône au milieu de la cour. Ma visite continue.

- Les petits bâtiments là bas, c'est les installations sportives. De base c'est le territoire des Libertés mais on a le droit d'y faire du sport aussi. Le jardin là bas c'est le petit jardin que ça s'appelle. Il est entretenu par Lyra la jardinière et par Anny Saorème une Évasion.

J'ai envie de tout présenter vite pour pouvoir rentrer à l'intérieur. Il fait chaud et je n'ai aucune envie de prendre un coup de soleil. Ma peau blanche est un cadeau, autant la préserver.

- Le bâtiment là c'est la cafétéria. Y a des cuisines interdites aux élèves sauf aux délégués, une salle intérieure et une salle extérieure. Et là bas c'est la bibliothèque. J'ai à peu près fait tout le tour. Bien maintenant suis moi on va ranger ta valise.

Je me remets debout et avance vers les dortoirs d'un pas rapide et sexy. Je marche toujours de façon sexy. J'ai façonné mon corps pour qu'il soit parfait. Je fais en sorte que tout le monde craque pour moi. Je mets même du maquillage. D'ailleurs j'ai coché club cuisine mais si on a le droit de changer je prendrais danse. Ça façonne le corps sans trop être horrible et puis le hip-hop ça épate les filles. Arrivé devant la porte de ma chambre je l'ouvre et entre. Mon coin est rangé. Dans la pièce trois lits sont disposés contre trois des murs de cette pièce rectangulaire. Le lit à côté de la porte est vide. Celui a coté de la fenêtre aussi. Le mien est à côté de la salle de bain. Nos armoires sont contre la quatrième mur. Je présente à Nett les deux lits libres.

- Choisis celui que tu veux. Pareil pour l'armoire. Moi j'occupe celle où il y a des photos sur la porte.

Ses photos, c'est principalement des photos d'Elias et moi. Sinon y a des photos d'Elias tout seul. Évidement un oeil non entraîné croit que ce ne sont que des photos de moi résultat on me prend pour un narcissique. Je ne comprends vraiment pas. Je me dirige vers la porte de la salle de bain et l'ouvre. La salle de bain est aussi une pièce rectangulaire avec une douche, des toilettes, un lavabo et une petite armoire.

- Installe tes affaires ici aussi. Et fait comme chez toi car ce sera ta nouvelle maison pour les années à venir.

Je passe une main dans mes cheveux en observant mon reflet. Décidément je suis un beau gosse. Puis je ressors de la pièce et viens m'assoir sur mon lit. Comme ça va être mon nouveau colocataire autant qu'on se dise tout.

- T'as quel âge sinon ? Et ton pouvoir c'est quoi ? À en juger ton apparence, t'es un hybride.

Mais moi aussi il fait que je dévoile mes petits secrets surtout mon pouvoir. Il faut que je me fasse respecter. Je souris et m'allonge sur mon lit nonchalamment.

- Moi j'ai 15 ans et je suis Mentaliste. Je contrôle les maladies. Mon frère jumeau lui les soigne. On est complémentaire.

Quelle sera sa réaction ? Il y en a toujours une quand j'annonce mon pouvoir. Avouez mon pouvoir est génial !

Il n'a pas l'air impressionné. Il verra bien quand il développera un cancer par ma faute. Il viendra pleurer dans les bras d'Elias pour être soigné. Ils font toujours ça de toute façon. Au moins ça fait notre petit business. Moi je lâche les rênes de mon pouvoir quand j'en peux plus, et lui lâche son pouvoir pour soigner mes victimes. On se fait payer évidemment. C'est le trafic Eldredge. Je passe une main dans mes cheveux tandis qu'Honettsu parle.

- Ben j'ai 17 ans, je suis effectivement un hybride, un frelon, j'ai les ailes, la vitesse, le poison mortel.

Hum, charmant. Je hausse les sourcils et mon colocataire s'assoit.

- C'est quoi tes passions, t'es doué en quoi ? Moi c'est le combat et la chimie pour synthétiser des toxines. Pourquoi t'es en Processus ?

Le combat ? Pourquoi il est pas allé en Liberté alors ? Je soupire et le jauge du regard. C'est clair, il a la carrure d'un Liberté, pas d'un Processus. Nous chez les Processus, on est des chétifs. Il y a que Shura qui peut avoir un aspect de Liberté. Et Narra aussi. Mais ça c'est autre chose. Moi j'ose pas l'approcher. Il fait super chaud autour d'elle qu'on a l'impression que tout va s'embraser. Le nouveau m'adresse un étrange sourire.

- Tu préfères les filles ou les garçons ?

Je rougis. Oui, moi, Oscar Cian Eldredge, je rougis à cette simple question. Je sais que mon frère est homosexuel, principalement à cause de notre mère qui s'est comportée comme une garce, mais moi, malgré l'histoire familiale, j'aime autant les filles que les garçons. Je suis sûr qu'Elias ne me comprend pas. Mais que puis-je y faire. Des psychologues m'ont expliqué que si j'avais tendance à draguer tout ce qui a une poitrine, c'est parce que je suis en manque d'affection. Je n'en ai pas eu beaucoup par ma mère. Ni par mon père d'ailleurs. Je suis celui qui a hérité du mauvais pouvoir. Du maudit.

- Je suis en Processus car j'aime construire des instruments qui aident les autres. J'aime beaucoup la mécanique.

Je me dandine sur mon lit en triturant mes vêtements.

- Heu... Sinon... Pour te répondre... J'aime les deux mais j'ai une préférence pour les filles... Enfin... Pour une fille...

J'ai croisé une fille il y a peu et ça a été le coup de foudre. Elle a de superbes cheveux violet pâle. Elle est magnifique. Il faut absolument que je sache son nom. Je suis sûr qu'il est aussi beau qu'elle. Je soupire et repasse de nouveau une main dans mes cheveux. Il faut que je trouve quelque chose à faire.

- Tu veux faire quoi ? On a encore le temps avant d'aller manger, donc tu peux choisir où tu veux aller.

Je n'en sais rien moi-même. Je suis juste super gêné. Je n'ai dit à personne que j'avais rencontré cette fille. J'espère que ce nouveau se tairait. C'est pas bon pour ma réputation d'avoir une attirance pour quelqu'un. Je veux que personne ne le sache. Si jamais il venait à être dévoilé... Gare à lui, il tomberait malade avant de dire ouf.

Tandis que mon camarade réfléchit à une destination, mes pensées voguent vers ma dulcinée. Sa peau d'un blanc pur, certainement aussi douce que du coton, me donne envie de la toucher. Son cou fin n'appelle que les bijoux que je pourrais lui offrir. La délicatesse de ses traits me laisse pantois et ses adorables cheveux courts qui tombent en mèches sur ses joues et son front, leur couleur confirme à mon esprit que mon aimée est un ange. Mais je n'ai pas encore parler de ses yeux. Ah ses yeux ! D'un bleu si profond que l'on croirait des saphirs. Et ses lèvres, ah ses lèvres ! Si fines, elles ne demandent qu'à être baisées. Je soupire de bonheur lorsque je la revois marcher dans le couloir, sa beauté polaire illuminant mon existence. Indéniablement, c'est un coup de foudre. Je ferais tout pour la connaitre ! Tout !

- Ça te dit de pouvoir voler ? C'est un des talents que m'a offert Dame Nature dans sa grande bonté, comme ça tu pourras me montrer mes environs. Qu'est ce que tu en penses ?

Il vient de couper le fil de ma pensée. Je l'observe, une demi-seconde perplexe. Voler ? Il veut me faire voler ? Mais techniquement c'est impossible. Déjà que ses ailes défient les lois de la physique en le portant lui, alors, si je suis ajouté à l'équation, cela n'ira plus. Et puis je ne supporte pas le vide. Le vertige est mon quotidien et je le vis bien. Très bien même. Je secoue donc la tête en esquissant une grimace.

- Je m'excuse mais je ne supporte pas le vide... Désolé. Par contre, je peux te mener à la bibliothèque.

D'un geste, je quitte mon lit pour me retrouver en position horizontale. Direction la bibliothèque. Pour lui, cela sera moins bien qu'une visite aérienne mais cela m'évitera une crise cardiaque. Je vais simplement lui montrer une carte de la ville. Nous traversons les couloirs en silence. N'étant point bavard sur ma personne avec des gens que je n'ai pas à impressionner, je ne juge pas l'utilité de causer banalité avec le nouveau. Une fois dans le sanctuaire de la connaissance, je me dirige vers la section géographie où se trouve les cartes de la ville. J'en déplie une des plus récentes et l'aplatis sur la table.

- Voilà la carte de la ville. Que veux-tu savoir ?

Mon nouveau camarade regarde sa carte avec attention, me laissant tranquille. Ah, qui m'a collé un nouveau déjà ? C'est chiant en vrai. Vraiment, notre classe n'est pas servi entre le délégué qui ne fait rien et qui est inexistant et le bras droit qui n'assume pas. Vivement que je devienne délégué. Je vais mener une campagne digne d'un membre du conseil et assurer la prospérité de ma classe en m'alliant aux Passions. Ils ne sont pas nombreux mais ils sont puissants. Et ça, c'est cool.

- Où mènent les voix principales qui traversent la ville ? À quels villes et villages mènent-elles ?

Je hausse un sourcil en le regardant. Il m'a pris pour Mappy ou bien ?

- Tu peux me donner les boutiques les plus intéressantes et les cafés pour que je puisse inviter quelques demoiselles et demoiseaux ? Et puis si t'a d'autres infos je suis preneur, notamment sur ce qui est potin du lycée.

Je hausse le deuxième sourcil. Maintenant je suis un guide Michelin ? Oh, faut se calmer vieux. Je suis pas ton esclave non plus. Je soupire pour lui faire comprendre qu'il m'agace un peu et lui désigne la carte et les étagères alentour.

- Si tu veux savoir, regarde les autres cartes, t'auras des villes. Mais t'auras jamais le temps de sortir. Crois pas que le lycée laisse ses élèves se barrer comme ça.

Je lui adresse un sourire en coin et m'assois sur la table.

- Surtout que Miranda fait pas des autorisations de sortie comme ça. Il lui faut une raison très valable ou une bonne excuse. Mais je te donne pas mes combines. Pour les cafés et tous, tu vas dans le centre et tu trouveras. Quant aux potins. Va voir l'aristo de Passion, c'est lui le spécialiste. Il connaît tout sur tout le monde donc si j'étais toi je ne lui chercherais pas des noises. Il est là depuis super longtemps en plus. C'est un peu l'ancien des Passions même si il est jeune.

Je passe une main dans mes cheveux avant de me lever. Puis je désigne d'un coup de menton la table.

- Je te laisse regarder ça tout seul et puis tu te débrouilles ? T'as pas besoin d'un chaperon et faut que tu découvres par toi même. Fait gaffe par contre. Certaines autres classes sont assez belliqueuses et on voudrait pas avoir mauvaise réputation par ta faute.

Un hochement de tête en guise d'adieu, je quitte la bibliothèque pour aller dans le laboratoire. Quelques Processus y traînent et je leur apprends la nouvelle. On a un petit nouveau. Ils ont beau être contents, on sait tous de quoi on a peur. Il ne faut pas qu'il nous ridiculise. Déjà qu'on a pas bonne réputation avec les deux têtes de nœuds qui nous servent de chef et le fait qu'on passe pour des gens asociaux, faudrait pas qu'on passe pour des bouffons. Moi, au début, on ne croyait pas que j'étais en Processus avec mes fringues. Pour eux j'étais soit Liberté, soit Origine. Dans leur tête, un Processus c'est boutonneux et ça fait des maths et des jeux vidéos toute la nuit. Sérieusement, ok il y en a des comme ça, mais pas que. Je ne suis pas comme ça moi.