Les boires et les déboires d'un (charmant ?) vieil homme

Années de service

Et l'homme ?

Peu importe ce que quiconque pourra en dire, elle l'avait bien mérité, son accueil chaleureux. Sa petite plaisanterie ne m'a pas amusé, non. Je n'allais pas la laisser me faire tourner en bourrique impunément, sans compter que je n'avais pas encore pris mes calmants. Elle avait mal choisi son moment pour faire dans l'humour. J'y ai peut-être été un peu fort, mais je ne m'attendais pas à ce qu'elle se défende bien, vu son gabarit, on ne peut pas dire que je m'en sois sorti indemne - loin de là. Au final, après avoir discuté avec elle - travaux d'intérêt général obligent - je ne la trouve pas si détestable, et même presque sympathique. C'est peut-être ses airs de gamine - ou de gamin, ce n'est pas loin - qui forcent mon affection. Mais un petit quelque chose me dit qu'elle n'est pas très nette, alors je reste méfiant. L'instinct, je crois. Intrigante mais surtout surveiller. En plus il s'est avéré qu'il lui arrivait d'être drôle, parfois.

Mérid, rien que parce qu'elle fait partie de ma famille, occupe une place phare dans mon existence, car chez les Maldwyyn c'est important. Au départ, instable comme je le suis devenu, j'appréhendais un peu d'accueillir ce petit être dans ma vie. Mais ma soeur voulait que je m'occupe d'elle, et elle m'a sauvé de la routine, de l'ennui, de la solitude, de tout. Je ne lui ai jamais fait croire que j'étais son père biologique, mais c'est bien ainsi que je me sens, d'autant que je n'ai jamais eu la chance d'avoir d'enfants de moi-même. La voir souffrir auparavant a été très dur, et maintenant que ça va mieux, j'ai du mal à la laisser faire ce qu'elle veut. Discrètement, je garde un oeil sur elle. Au fond je sais que ça ne la gêne pas tant que ça : elle aussi, elle a du mal à couper le cordon. Mérid est ma fille, ses manière étranges et sa façon d'être particulière ne cessent de m'amuser. Par ailleurs, nos ressemblances me troublent parfois réellement. Je me demande à quoi notre duo peut bien ressembler, de l'extérieur.

Nous nous sommes affrontés au cours de la Battle School, et ce p'tit gars m'a offert un combat comme je n'en avais pas eu depuis très longtemps. En vérité, je ne me suis même jamais fait dévorer un morceau d'épaule ; et je me suis battu, au cours de ma vie, vous pouvez me croire, c'était une première parmi beaucoup d'autres. Je lui en veux pas, c'était le jeu, et je sais ce que c'est, la difficulté à contrôler sa part animale - il me semble que c'est un hybride aussi, et vu ses dents, j'en suis même sûr. Je voulais un bel affrontement, j'ai été servi. Mais il faut dire qu'avoir été mis au tapis par un petit jeune, ça me laisse un sale goût dans la bouche. Autrement, on ne se connaît pas trop encore, mais ça a l'air d'un drôle de bonhomme. J'n'ai rien contre lui, c'est un constat. Après notre duel, il y a quand même une sorte de malaise entre nous ; s'il en a envie, on fera plus ample connaissance quand ce sera passé.

Cette jeune femme attire ma compassion. La pauvre s'est fait enlever son enfant, et voilà qu'après neuf années - comment cet enfant a-t-il bien pu entrer dans un lycée ? - sans aucune nouvelle de lui, elle le retrouve miraculeusement. La pauvre est déstabilisée par la situation ; elle a dû apprendre je ne sais comment que je m'occupais de Mérid, et est venue me demander conseil. Enfin, ça, c'est ce que je pensais au début, parce qu'elle m'a carrément demandé de l'épauler dans l'éducation de son enfant. Si elle savait vraiment à qui elle s'adressait, je n'en sais rien, mais j'ai accepté. Au final, on se connaît pas encore, mais ça ne va pas tarder. Elle est très jolie, par ailleurs.