Huum, que dirais tu de faire plus ample conaissance ? [Sanjeev]

Jeev. Hey Jeev. L'intéressé grogna, se tournant dans son lit en rabattant sa couverture sur sa tête, essayant de fuir les sifflements dans son oreille. Hey gros tas bouges-toi, c'est déjà midi. Les yeux du garçon s'ouvrirent d'un coup, synchronisés avec son corps qui s'était subitement réveillé et avait sauté hors du lit, en panique totale. Mi-Midi ?! lâcha-t-il en balayant la chambre du regard. Personne. Et l'horloge indiquait bel et bien midi. Paniquant un peu plus, il attrapa les premiers vêtements que ses mains atteignirent et se rua vers la salle de bain, sans cesser de se demander pourquoi ni son réveil ni ses colocataires ne l'avaient réveillé.

Ys restait fasciné par la vitesse à laquelle son humain s'était levé. Il n'avait jamais vu ça, et pensait qu'il allait devoir garder cette technique de réveil pour les prochaines fois. Il le suivit dans la salle de bain, manquant de se faire couper en deux par la porte qui avait été brutalement fermée. Le reptile hésitait quant au moment auquel il allait lui dire que c'était samedi, trouvant la situation actuelle vachement divertissante. S'enroulant dans un coin, il attendit patiemment que Sanjeev sorte de la douche, ce qui se fit en réalité assez rapidement. Attendant encore un peu, au moins jusqu'au moment où le garçon se considéra comme prêt, le serpent fini par le siffler. Hey Jeev. On est samedi.

Le garcon s'arrêta net, réalisant qu'en effet, c'était samedi. Il n'était donc pas retard, il n'était en train de rater aucun cours et il n'avait aucunement le besoin de se presser autant. Je vais te tuer. avait-il dit au reptile qui l'observait depuis le coin, toujours confortablement enroulé. Voulant se prouver innocent ce dernier lui assura qu'à aucun moment il ne lui avait dit qu'il était en retard, et que l'humain que ne lui avait jamais laissé le temps de lui faire remarquer que c'était le week-end.

Jeev soupira. De toute façon il était habitué aux petits tours de son compagnon. Il l'attrapa et le souleva jusqu'à ses épaules, le laissant se placer comme il le voulait autour de son cou. Bon de toute façon, maintenant que je suis habillé, autant profiter un peu de la journée hein. Après être sorti de la salle de bain et avoir rangé son lit, il avait glissé son téléphone et quelques billets dans sa poche, sortant ensuite de la chambre et se dirigeant directement vers la sortie du lycée, sans même faire de crochet par la cafétéria. Il avait prévu d'aller chercher son "petit-déjeuner" dans une petite supérette  à quelques minutes du lycée, comme il le faisait régulièrement le week-end, souvent lassé de manger tous les jours la même chose à la cafet.

Juste avant de rentrer dans la supérette, Ys se glissa sous le t-shirt de Jeev, précaution qu'ils prenaient toujours avant d'accéder à ce genre d'endroit – tout le monde n'était pas forcément très accueillant avec des bestioles telles qu'Ys, malheureusement. Une fois la bête bien dissimulée, Jeev entra et se dirigea sans hésitation vers le rayon qui l'intéressait, faisant alors le plein de sucreries en tout genre. Son estomac vide lui criait de dévaliser le rayon, mais les quelques billets qu'il avait emporté l'en empêchait, le pauvre Jeev n'était pas si riche que ça.

Caisse. Paiement. Jeune caissière mignonne qu'il n'avait encore jamais vu mais qu'il espérait revoir à sa prochaine visite. Rue. Ventre vide qui criait famine. Banc. Et si on allait voir mes cousins ? Ils sont pas très loin. Je t'ai déjà parlé de mes cousins ? Ys avait sorti la tête du haut de l'humain pour lui dire cela. Jeev mâchonnait un bonbon apparemment acide. Il hocha la tête sans trop réfléchir, son cerveau étant plus préoccupé par la nourriture que par ce que disait le reptile. Après négociations, Sanjeev mis en pause son déjeuner et se leva pour suivre les indications du serpent, qui lui avait promis un endroit beaucoup plus confortable que ce banc une fois qu'ils seraient "chez ses cousins".

Il traîna un peu les pattes jusqu'à arriver à de grandes, immenses plaines vertes. C'était pas étonnant qu'il y ait des serpents dans ce coin, vue l'étendue de verdure. Il marcha encore un peu, écoutant à moitié les déblatérations de son compagnon, occupé à admirer les alentours. Ca aurait pu être reposant comme endroit, s'il n'avait pas un boulet qui lui sifflait à l'oreille.

Un peu plus loin, une silhouette se détacha de l'uniformité de l'herbe. Ca, c'était sûrement pas un cousin d'Ys. Autant le serpent que le garçon penchèrent la tête sur le côté. Une fille. Avec toute l'immensité de ces plaines, ils avaient réussi à croiser quelqu'un. Alors qu'ils s'approchaient, l'inconnue s'était levée. Eux qui pensaient juste y passer à côté comme si de rien n'était, apparemment cela n'allait pas se passer ainsi. Hey, Moi c'est Anastasia, mais tu peux m'appeler Ania, je vois que je ne suis pas la seule à chercher un peu de calme ici !

Dès qu'elle avait pris la parole, Ys était retourné se cacher sous le haut du garçon. Ce dernier s'arrêta au niveau de la semblerait-il dénommée Anastasia. « Ah, salut. Moi c’est Jeev. » Il lui sourit, se passant une main dans les cheveux. « Désolé si on te dérange alors que tu voulais être au calme. On fait que passer de toute façon t’en fais pas, on.. on.. heu, ouais voilà. » Il eût un petit rire gêné, n’ayant pas su finir sa phrase. Dire « on cherche quelqu’un » aurait été risqué, si la jeune fille avait voulu les aider il se serait senti idiot d’avouer chercher les cousins de son ami le serpent et il n’avait pas réussi à trouver meilleure excuse pour conclure sa phrase. Alors tant pis, Pas de conclusion.

Bah enchantée Sanjeev ! Huum ... je peux t'appeler par ton prénom au moins ? Il hocha la tête, elle comptait l’appeler comment, sinon ? Sir Kesaven ? Ca aurai été vachement gênant. Non non, il n'y a aucuns gènes a avoir ne t'inquiète pas ! Je chercher un peu de calme c'est vrai, mais faire des rencontres c'est sympa aussi ! Il se passa encore une fois une main dans les cheveux, un petit sourire aux lèvres, ne sachant plus vraiment où regarder.

Et.. si tu veux tu peux dire a ton serpent qu'il peut sortir, sa ne me gène absolument pas, j'adore les serpents ! Je l'ai aperçus de loin quand tu es arrivé. Oh. Une fille qui aimait les serpents ? Jeev pencha légèrement la tête sur le côté, qu’on se le dise, c’était des spécimens assez rares. Euuh, excuse moi je dois surement t’embêter à parler comme sa …

Toujours la tête légèrement penchée, Sanjeev observa la jeune fille sans un mot, le temps que son cerveau réussisse à mettre ses pensées en place – chose pas forcément très simple. Il ne réussit pas à sortir un mot avant qu’elle n’ait allumée sa cigarette. Il aurait pu se prendre pour un défenseur de la santé et lui conseillant d’arrêter de fumer parce que c’est pas très bien, mais il se dit par lui-même qu’il n’avait pas à interférer avec les choix d’une parfaite inconnue.

« Heu.. » Il cligna des yeux, et s’assit là où il se tenait, sans trop savoir pourquoi. « Ys… la bêbête que t’as aperçue, il est pas super sociable. Du coup il se cache, et même si je le tirais pour essayer de le sortir de là-dessous il indiqua son t-shirt à mon avis il préférerait attendre que je le tire assez fort pour le couper en deux plutôt que de sortir. Du coup voilà. »

Tais-toi Jeev, tu parles trop et c’est pas intéressant. Le garçon avala sa salive à la réflexion du reptile. Ce dernier sorti la tête du t-shirt, avant de s’y replanquer  presque de suite, s’adressant une fois de plus à son humain. Et puis tu nous fais quoi là, assit par terre ? Tu comptes faire un pique nique avec elle ?  

Jeev regarda le sol. Puis Anastasia. Et d’un bond, il se releva. Ne sachant plus quoi faire de ses mains, il les agita comme un débile. « Désolé ! Je sais pas pourquoi je me suis assis, comme ça. Je veux dire, tu m’as même pas proposé, je veux pas t’embêter, je sais pas ce qui m’a pris. » Il virait au rouge, et il avait vraiment du mal à savoir pourquoi il était gêné comme ça. Il recula d’un pas, prêt à s’enfuir, mais nourrissant l’espoir qu’elle le retienne malgré tout. Diable, que se passait-il dans sa tête ? C’était probablement la première fois que c’était autant le bordel là-dedans.