Un bon déjeuner pour une bonne journée. || Sekai

Le visage collé contre l’oreiller et le bras sur la couette j’ouvre les yeux, espérant voir le doux visage de ma douce amante encore plongée dans les bras de morphée. La demoiselle avait sûrement oublié de me prévenir qu’elle partait tôt pour un rendez-vous. Je soupire lentement en me retournant pour faire l’étoile de mer sur le lit. Par l’Unique je déteste le coiffeur de la demoiselle qui est tellement pris par son calendrier qu’il prend certains rendez-vous directement à 8h du matin. Bien entendu avec la route, à sept heure moins vingt. Elle est déjà partie depuis vingt-huit minutes, et je suis frustré qu’elle ne m’ait pas réveillé pour lui dire au revoir.

Je me retourne, à droite et à gauche dans le lit, je n’ai pas envie de me lever, mais je n’arrive pas non plus à me rendormir. Je me traîne en dehors de mon plumard, je viens passer une main dans mes cheveux en bataille, passage obligatoire, je me dirige vers la douche qui s’expédie en à peine une vingtaine de musique. J’attrape la serviette sur me présentoir, je me sèche rapidement, attrape un débardeur et un short et m’habille avant de descendre dans la cuisine. Sur le frigo j’aperçois une note de ma belle. « Pense à faire le petit déjeuner pour Sekai, tu seras un amour. » Je prends le mot et le pose dans ma poche, je l’aurais très sûrement fait sans qu’elle me le demande. Je finis par ouvrir le frigo, et attrape le pot de confiture, ainsi que des œufs et du lait. J’attrape les tartines sur le comptoir. Je casse les œufs dans la poêle, je mets les tartines dans le grille-pain et vais mettre les deux bols, les céréales, ainsi que la bouteille de lait sur la table de la salle à manger.

L’omelette prête et les tartines grillées, je ramène le reste jusqu’à la table, tartines, omelette, confiture, tout ce qu’il faut pour un bon déjeuner. Je doute que la demoiselle sera capable de tout ingurgiter, mais plus elle mangera mieux ce sera pour elle. Je m’assoie sur une des chaises, et entame mon déjeuner, la demoiselle arrivera bien à se lever. J’entends ses pas sur les marches de l’escalier. Après quelques secondes, la voilà dans la salle à manger. « Salut. T’as passé une bonne nuit ? »

De ma place, j’aperçois le visage de la demoiselle arriver dans la salle à manger, elle m’a l’air à moitié endormie, ce déjeuner devrait au moins lui donner l’énergie nécessaire pour passer la journée à courir. Je me doute bien que ce n’est pas le genre de la demoiselle de courir sans but, ceci étant, on risque de passer plus de temps ensemble, alors vaudrait peut-être mieux qu’on apprenne officiellement à se connaître. Ce serait dommage qu’on finisse par se demander ce qui est acceptable ou non. « Euh… Bonjour ! J’ai très bien dormi merci ! Et- » Arrêt net, je la regarde sans comprendre ce qui a de mal. « Je sais pas si je dois dire vous ou tu. » Je la regarde, un grand sourire aux lèvres, est-ce que j’ai vraiment besoin de répondre. On vit sous le même toit bon sang, est-ce qu’on a vraiment besoin d’utiliser les formules de politesses quand on déjeune ensemble ? Je veux dire, c’est pas comme si j’étais une personne tyrannique en dehors des cours. Je peux moi aussi me comporter comme une personne civilisée et parler aux gens de manière agréable et polie. « Je suis désolée, j’espère que votre ? Ta ? Nuit s’est bien passée ! »

Par l’Unique cette gamine est adorable. C’est sûrement aussi un peu pour ça que je lui ai donné mon Joker quand elle me l’avait demandé. Non, sans rire, je connais peu de jeune fille comme elle, et c’est assez rare pour être souligné. J’hoche la tête, si on oublie le réveil en solitaire, j’ai passé une bonne nuit, pas de rêves étranges, et puis la manière dont nous nous somme endormi m’a bien aidé. La demoiselle m’a l’air surprise de la taille du déjeuner sur la table. Quoique c’est vrai que j’ai peut-être un peu abusé. Il y en a assez, pour trois ou quatre. « Est-ce qu’on attend quelqu’un ? » Je lui fais un signe de tête pour lui dire non, il en restera sûrement encore pour demain j’en suis sûr. « Et tu peux me tutoyer, bien entendu. » Je désigne la chaise à l’angle de la table le plus proche de moi « Installe toi, je ne vais pas te manger. » J’attrape une tartine grillée et le pot de confiture pour l’étaler sur la tartine. « Alors, dis-moi, tu comptes faire quoi de tes vacances ? »

Alors que j’avale un bout de ma tartine, je vois le bol de la demoiselle se remplir de lait, si elle le remplit à ras-bord, elle ne pourra manger tout ce qu’il y a sur la table. Oui, bon, soyons d’accord, j’en ai fait beaucoup trop pour deux. Plus qu’à espérer que ma douce rentrera plus tôt et pourra partager ce repas avec nous.  D’ailleurs, à bien y repenser, le frigo me paraissait bien vide, faudra que je pense à aller faire des courses, si on ne veut pas se mettre à manger des cailloux et boire du chlore au prochain repas. « Hmm... En très gros, passer du temps ici et au lycée. Peut-être agrémenter tout ça de sorties au centre-ville ? Je ne sais pas. Et v- toi ? » J’y réfléchis un court instant, j’avoue ne pas avoir réfléchi à la question, cependant la réponse me paraît simple, je continue de faire cours à certains élèves peu dégourdis, et je passe la plupart de mon temps dans cette maison avec ma douce pendant les vacances. S’ensuit les passages à la salle de sport, et les footings, mes journées sont déjà bien chargées malgré tout. « Hum, lycée, maison et sport, je suppose. D’ailleurs, je vais courir après le déjeuner, tu veux venir avec moi ? »

Seconde tartine en main, je la gobe en deux coups de crocs, j’attrape la bouteille de lait entamée, et commence à me servir dans mon bol. Bien évidemment la bouteille est presque vide. Je ne peux pas blâmer Sekai, elle n’y est pour rien, j’aurais dû vérifier avant de prendre la bouteille. Je me lève de table pour aller jeter la bouteille vide et me dirige vers le frigo pour en récupérer une bouteille neuve que j’ai mis au frais il y a peu. « Oh, j’ai oublié le jus d’orange. » Le frigo toujours grand ouvert, j’attrape la bouteille de jus de fruit et referme la porte avec un coup de rein. Je retourne rapidement à la table pour poser les deux bouteilles, maintenant, il manque les verres. Je fouille les placards de fond en comble, et bon dieu je ne saurais où ils peuvent bien être rangés. « Sekai, t’as une idée d’où les verres peuvent être rangés depuis tout ce temps je ne m’en souviens toujours pas… » Je pousse un léger soupire et me gratte l’arrière du crâne, par l’Unique je suis pathétique.

« En haut à gauche ! Enfin... normalement ? » J’aimerais lui faire remarquer que bien que sa réponse m’aide un peu, il y a tout de même cinq placards en haut, dont deux à gauche, bien entendu. Je tente le premier, et bien entendu ce n’est pas celui-ci. Cependant, j’arrive d’ici à voir le contenu du placard adjacent, les verres sont là. Je referme le premier, ouvre le second, attrape deux verres et les ramènes à table. En arrivant, le bol de Sekai est presque vide. Je finis de me servir mon bol de lait, et j’attrape la boîte de céréales prêt de la bleue, j’aurais pu prendre un café, mais à la vue des différents problèmes que cette boisson chaude peut provoquer, notamment les insomnies, les migraines et les problèmes au lit, je préfère éviter d’en boire dès le matin. J’aperçois une tartine pleine de confiture de la jeune fille, est-ce qu’elle compte la laisser là ? Non pas que je serais prêt à la lui prendre, cependant, je trouvais dommage, et particulièrement décevant qu’elle ne finisse pas son repas le plus important de la journée. Je ne suis pas un exemple de caractère ou même de personne à suivre, ceci étant, si j’ai réussi à garder une vie saine et un corps plutôt bien battit sans ressembler à Hulk, c’est bien grâce aux déjeuners qui arrivaient à me faire tenir la journée entière. « J'aurais bien accepté ta proposition mais je crois pas que c'est une bonne idée... En fait, je serais plus un boulet qu'autre chose. » Elle lève les yeux au ciel. « En tout cas merci pour la proposition ! »

Attendez. Elle vient de me dire qu’elle serait un boulet si je l’emmenais avec moi ? Woh. On arrête deux secondes et on rembobine, à mon visage elle doit bien voir que sa réponse me met à cran. Je peux totalement comprendre un refus, mais pas ce genre de raison. Même si je suis prof de sport, que je fais du footing pratiquement tous les matins, -ou tout du moins quand ma douce ne m’a pas trop laissé de séquelles lors de nos nuits fortes en… émotions- et qu’elle n’a pas des notes fameuses en sport, qu’elle risque de me gêner plus qu’autre chose. Je veux dire, si j’avais tant peur de ça, je ne lui aurais pas proposé, et puis si je lui propose de venir avec moi, c’est aussi pour qu’elle puisse s’améliorer en sport. Une cuillère céréales en bouche, je fini par lui donner le fond de ma pensée. « Je ne vois pas en quoi tu pourrais me gêner honnêtement. Et puis, mon rythme est assez soutenu, enfin, ton choix est ton choix après tout. » Je ne compte pas la modéliser à mon image, loin de là mon intention, ce serait une perte de temps, et une belle perte pour l’humanité. J’avale plusieurs cuillerées de céréales avant de déposer la cuillère au bord de mon bol et de lui tendre la bouteille de jus d’orange, le verre à portée de main. « T’en veux un verre ? Ça devrait te réveiller un peu plus. »

La bouteille tendue de jus d’orange dans sa direction, elle me répond instantanément. « Je veux bien s'il vo-euh non pas vous ! S'il te plait c'est mieux...! » Sa petite erreur me fait doucement rire. La connaissant je me doute qu’elle doit s’en mordre les doigts alors que je ne m’en fais pas, elle finira bien par prendre l’habitude de me tutoyer. Et dans le cas contraire, je m’y ferais. Honnêtement, je pense que Miranda elle risque de lui faire la réflexion si je ne lui fais pas, elle ne fera pas ça pour l’embêter ni même pour que je me sente mieux, mais bien pour que Sekai arrête de se tracasser. J’admets ne pas vraiment confondre pourquoi elle se tracasse d’ailleurs, je ne vais pas la mordre si elle se trompe, ni même lui crier dessus. L’erreur est humaine, et même si je ne suis pas la même façon de penser avec mes élèves c’est parce que je ne souhaite pas qu’ils essayent mais bien qu’ils réussissent. Dans la vie, les erreurs ne sont pas envisageables et le seul moyen pour qu’il n’en fasse pas, c’est de leur enseigner comment les idées. Il faut être le plus performant à chaque instant.

Pour finir je remplis son verre jusqu’en haut pendant qu’elle mort sa tartine à pleine dents. J’admets que la voir manger avec une telle faim me fait plaisir. Lorsqu’on aura terminé de manger il en restera encore un bonne plâtrée, mais on aura au moins passé une bonne matinée. Et puis dans même pas dix minutes je serais en train de courir pour me garder en forme. « Le jour de la première séance de sport de l'année j'étais terrifiée puis il y a eu la fois avec le joker et toutes les autres fois où on avait cours avec toi. Et puis là tout de suite, je me sens pas effrayée comme pendant toute l'année scolaire. C'est bizarre de dire ça pardon ! Mais je le pense vraiment mais je suis désolée aussi ! » Cette révélation me fait bloquer une bonne vingtaine de secondes. Qu’est-ce que je suis censé dire là ? Genre elle me fait culpabiliser et après elle me rassure. Genre, je suis censé retenir quoi de tout ça ? C’est bien ou ce n’est pas bien ? « Je sais pas quoi dire, je dois te l’admettre. »

Je laisse quelques secondes de battement. « Bon, j’pense que je vais aller réfléchir à ça en allant courir, tu m’aide à débarrasser ? » Je finis mon bol d’une traite et commence à débarrasser la table. Très rapidement la table se vide et avec l’aide de Sekai. Lorsque tout est rangé à sa place, j’enfile mes baskets et part faire mon running.