Need help ? || Owen

Ça doit bien faire deux semaines aujourd’hui qu’Owen est pratiquement tout le temps enfermé dans son appartement, il ne vient pratiquement plus s’occuper du bar, et quand il vient, il est dans un état pas possible. Je ne sais pas ce qui lui arrive, mais ça m’inquiète de le voir dans cet état. C’est peut-être une allergie ? Après tout, on ne se connaît pas tant que ça, il ne m’a peut-être informé. Puis je ne comprends pas non plus la réaction de mon collègue, qui a totalement l’air de se moquer de l’état du patron. Je ne suis pas spécialement proche de mes sous, mais si ça continue le bar va en prendre un coup, et risque de fermer, et j’ai moyennement envie de retourner chez papa-maman. 18h, c’est l’heure de ma pause. Je n’ai pas envie de perdre ma pause à travailler, mais je n’ai rien à faire non plus, je ne fume plus au travail, je ne bois pas non plus en journée, je pourrais juste sortir pour dire que je suis sorti, mais il n’y a aucun intérêt.

Je me dirige vers les vestiaires, attrape la bouteille d’eau qui se trouve dans mon casier et en bois deux grandes gorgées, à bien y repenser, c’est peut-être le soleil et la chaleur qui le mette dans cet état ? Je devrais peut-être aller voir comment il va, au risque de me faire engueuler parce que je l’ai réveillé au moins je serais peut-être enfin fixé au moins. Je grimpe les marches jusqu’à l’appartement d’Owen avant de toquer à la porte, plus qu’à espérer qu’il ne me laissera pas sur le pas de la porte, ça pourrait être un peu vexant.

Mon patron m’ouvre la porte avec un accoutrement digne d’un carnaval, ç’en est presque comique. Il est plus stable que le jour de mon arrivée, mais en course, les deux versions finiraient en même temps. En fait pour vous expliquer, j’ai l’impression d’avoir un mélange entre un cadavre et un clown. Il a presque le même nez rouge. Rudolf le renne au nez rouge ! Hum. Pardon, c’est mal de se moquer, le karma me le fera payer un jour où l’autre. Puis, il a clairement le look typique des films de ruptures, manque plus que le pot de crème glacé, et le chocolat chaud, et on serait parfait. Ce n’est pas une mauvaise chose hein ? Qu’on ne s’y méprenne pas, j’aime ce genre de film, même si tout le monde pense que je suis gay à cause de ça.

Il m’invite à entrer et je passe le seuil de la porte, si on oublie la pâleur de son visage et ses cheveux qui partent en cacahuète, il a l’air en vie. Il referme la porte derrière moi, me propose à boire, mais je refuse d’un signe de tête. Vu la chaleur qu’il fait, il me faudrait une boisson chaude, on oublie souvent que notre corps s’adapte à ce qui entre en lui, et pas ce qu’il ressent. Owen n’a pas l’air de subir la chaleur environnante comme nous, à voir la grosse couverture qu’il se trimballe sur les épaules, il doit très certainement chaud. « Je venais voir comment tu te portais depuis la dernière fois, t’as déjà un peu meilleure mine. » Caelan vient parfois nous aider au bar, mais généralement on n’a pas vraiment le temps de demander comment il va, les clients affluent et puis, j’ai moyennement envie de l’embêter, c’est déjà assez gentil à elle de nous filer un coup de main quand elle a le temps.

Ʃkaemp はは ™

Mon invité surprise décline ma proposition. Je ne sais pas s'il est juste trop réservé pour accepter ou s'il en a juste vraiment pas envie mais j'ai compris le message. Je me sers rapidement un verre d'eau, avale un médicament qui ne fera probablement aucune différence et reviens dans le salon pour me poser enfin sur mon canapé. J'invite Iezawa à s'asseoir avec moi.

-Je venais voir comment tu te portais depuis la dernière fois, t’as déjà un peu meilleure mine.

Un faible sourire se forme sur mes lèvres. Je suis content qu'il pense ça. Vraiment, mais j'ai juste impression que mon état empire. Je lui souhaite de ne jamais se sentir aussi mal. L'intérieur de mon corps est probablement mort, et mon cerveau est en feu perpétuel depuis que je suis tombé malade.
Mais bon, je ne vais pas nier qu'aujourd'hui est un « bon » jour.

-C'est très gentil de ta part, et ça me fait plaisir de te voir.

C'est vraiment un bon gars. Pour dire que j'ai eu l'idée de l'engager en étant ivre, je n'ai jamais regretté cette décision. Il n'est pas typique comme serveur, mais ça rajoute du charme au Phoenix. Il est très appliqué dans son travail, il est du genre à faire attention à plein de chose auxquelles je ne penserais jamais. En plus, il est sympathique contrairement à ce que certains pourraient imaginer. Il ne m'a jamais manqué de respect (ou en tout cas avec de mauvaises intentions ) alors qu'il a bien de quoi. Notre première rencontre restera gravée dans l'incroyable histoire du bar à jamais.

Ce qui est bien avec lui, c'est qu'on a même pas besoin de grandes discussions ou quoi pour bien s'entendre. Il est plutôt du genre calme et posé. C'est un mec cool. C'est toujours bien d'avoir quelqu'un comme lui dans la grande famille qu'est le bar.

Je me cale bien dans le sofa emmitouflé dans mon plaid.

-Tout se passe bien en bas ? Je suis désolé de vous lâcher en saison touristique, j'ai un don pour tomber malade aux pires moments.

Je ris légèrement.

Au fond, je suis certain que tout ce passe bien. J'ai confiance en mon équipe. Je sais qu'ils savent fonctionner sans moi. En plus, on a même un employé à temps partiel en plus de l'équipe à plein temps. Ils ne sont pas en sous-nombre et ils sont tous fiable. Je ne m'inquiète pas pour le business.

HRP:

Dans l’appartement d’Owen règne comme une sorte de chaleur étouffante, mais à la vue de la couverture qu’il porte sur le dos je suppose que ça ne lui suffit pas encore. D’ailleurs à bien y regarder ce plaid ressemble étrangement à celui qu’on utilise que lorsqu’on est malade comme un chien. Le même qui reste tout le reste de l’année dans un placard parce que même s’il est doux c’est chiant et on crève de chaud avec. De toute manière, c’est bien simple, je voue une haine profonde à l’été, c’est aussi pour ça que je ne remercierais jamais assez Owen d’avoir installé une clim avant-même que je ne rejoigne l’équipe. Il avait tout prévu à l’avance pour moi, faut croire. Quoique même s’il n’y en avait pas eu, on aurait ouvert toutes les fenêtres pour profiter d’un minimum de fraicheur.

Quand il revient vers moi, on finit par s’installer sur son canapé, et chose notable, il est beaucoup plus confortable que le mien. Je ne sais pas où il a bien pu l’acheter, mais j’aimerais bien avoir l’adresse. « C'est très gentil de ta part, et ça me fait plaisir de te voir. Tout se passe bien en bas ? Je suis désolé de vous lâcher en saison touristique, j'ai un don pour tomber malade aux pires moments. » Il rit légèrement, tandis que je hoche la tête. On n’a pas de problème en salle, même s’il nous a lâché dans une période où on marche sur des œufs avec les clients qui affluent on s’en sort plutôt correctement. Si ça n’avait pas été le cas, je doute que j’aurais pris ma pause. Et puis, on ne manque clairement pas de personnel. Caelan nous épaule pour le remplacer, et généralement elle arrive au bon moment pour qu’on puisse recharger nos batteries et être opérationnels. « Oui, oui, tout est bon en bas, sinon je serais encore en salle. Et puis bon, on te pardonne, tu n’y es pour rien ! Tant que tu fini par retrouver la forme, ça nous va. »

Je crois parler au nom du groupe en disant cela, mais force est d’admettre qu’on ne peut pas le blâmer d’être malade. Ce n’est pas comme s’il l’avait demandé. « Bon sinon, malgré ça, tu te sens un peu mieux depuis la dernière fois, ou bien c’est qu’une impression ? Les remèdes de Misha t’ont encouragé à poursuivre ta guérison ? » Je sais que je parle pour combler le vide, mais je me sens mal pour lui, ça ne doit pas être facile du tout à vivre. Je ne tombe pas souvent malade, enfin si on oublie les rhumes et les allergies bien entendu. « Et surtout est-ce que t’arrive à trouver autre chose à faire que de ruminer contre la maladie ? Je crois que c’est le plus important. » C’est idiot comme ça, mais le plus horripilant pendant une grosse grippe par exemple, c’est de devoir rester allonger pendant plusieurs heures sans rien faire.