Âme d'Encre

Maroussia a toujours été un enfant silencieux. Préférant regarder sa mère, écouter son père, et généralement vivre dans ses pensées. Bien sûr le reste du monde n’était pas tout à fait d’accord avec ce style de vie considéré marginal, il s’est reçu plus d’un coup de pied sur la route de l'école. Les enseignants s'inquiétaient, bien sûr, mais puisque Maroussia les rassurait en disant que tout allait bien, ils ne pouvaient y faire grand chose. Maroussia dessinait. Il ne dessinait ni peine, ni solitude, il dessinait la beauté, l’amitié. Il parlait à ses dessins, leur racontait ses rêves et ses aspirations. Il leur parlait tant et si bien qu’ils prirent vie. Cela lui convenait beaucoup bien sûr, et il leur raconta avec beaucoup de fierté qu’il avait été accepté à Xényla. Ses années lycées furent cependant assez rudes, étant peu habitué à la compétition régnante dans les couloirs. Maroussia dessinait, et quand on déchirait ses dessins, il dessinait sur sa peau. De là vint son envie de peindre sur les corps. C’est comme ça qu’il s’exprime, Maroussia, qu’il cohabite un peu avec les autres. Qu’il trouve sa place dans un monde qu’il ne comprend pas vraiment, un monde qui ne le comprend pas vraiment. C’est aussi comme ça qu’il Le rencontra. Il était charmant, plein d’humour et brillant, et Il aimait ses dessins. Et Maroussia finit par L’aimer. Leur histoire ne dura pas, bien sûr, cela dure rarement à vingt ans, mais un premier amour reste gravé dans l’âme et le premier amour de Maroussia le marqua. Il sut qu’il ne devait plus succomber à la passion au point de se perdre lui-même, et il sut qu’il fallait accorder sa confiance avec prudence. Maroussia était devenu un homme. Il continua de dessiner, la joie, l’amour. Il se trouva un atelier dans une ruelle, aménagea le sous sol pour y vivre simplement, et y est toujours, avec son chat, vivant de son art. Bien sûr la vie n’est pas toujours si simple, et parfois l’angoisse reprend ses droits sur la raison, alors Maroussia dessine le rire, il dessine l’insouciance. Et il vit pour les nuits d’orage, et il vit pour le sourire d’une femme, remerciement pour sa dernière oeuvre, à jamais sur sa cuisse. Vraiment, Maroussia est un artiste, mais un homme simple avant tout.