Les petites explications [ALEXEI]

08 avril 2017.

Assise sur le rebord de ma piscine, les pieds dans l'eau, je soupire en observant le reflet de la jeune femme que je suis. Cette belle jeunesse, gâchée par les rides d'anxiété que me cause l'autre médecin de malheur. Quelle tristesse pour ma peau d'albâtre de côtoyer cette vipère, elle me flétrirait presque. Secouant la tête, je plonge dans l'eau pour laisser mes sombres pensées s'en aller. La piscine couverte est ce qu'il y a de mieux dans cette maison, j'en suis très heureuse. J'enchaîne les longueurs pour me détendre et ne voit pas le temps passé. Lorsque j'émerge enfin, je me remémore mon invitation de la veille. Zut, j'ai totalement oublié Alexei !

Je sors précipitamment de la piscine, attrapant ma serviette pour enrouler mes cheveux dedans et un peignoir pour tenter de me sécher. Dès que je peux traverser la maison sans trop goutter de partout, je me rue vers la porte d'entrée. Maintenant que Maria n'est plus là et que la femme de ménage ne passe que les lundis et jeudi, je me retrouve seule pour aller ouvrir cette fichue porte que je n'entends pas. Heureusement pour moi, il n'a pas l'air de sonner depuis si longtemps. J'ouvre la porte et lui adresse un grand sourire : "Alex ! Excuse moi, j'étais à la piscine, je n'entends pas bien de là-bas. Entre." Je l'accueille d'un bref baiser -nous nous sommes, certes, remis ensemble, pour autant, nous y allons étape par étape et il ne sert à rien que je le couvre de baisers langoureux alors que l'on s'est vu hier au travail.

"Tu veux boire quelque chose ?" Après tout, je l'ai invité pour parler de choses et d'autres, devant un verre c'est toujours mieux. "Viens dans la cuisine, on sera mieux." Sur ces mots, je me rends dans la pièce concernée. Celle-ci est totalement moderne avec son équipement dernier cri et son comptoir, hauts tabourets compris ; un véritable petit bijou dont je suis fière. À dire vrai, cette maison entière est ma fierté. Et elle est propre tout le temps maintenant que mon cousin n'est plus là.

"Un soda fera l'affaire." Avec un sourire, je hoche la tête tandis que je prends la direction de la cuisine. Pour ma part, je prendrais un jus de fruits. Après une longue séance de natation, il n'y a rien de mieux. J'ouvre un placard pour en sortir deux verres puis le frigo pour les boissons. Attrapant les deux concernées, je les pose sur le comptoir en souriant. Je suis heureuse de pouvoir être de nouveau avec lui. J'avoue que ces quatre mois n'ont pas toujours été facile et maintenant que Maria n'est plus là, j'ai besoin de soutien. Surtout que je ne peux pas m'appuyer sur ma douce Sekai, je ne veux pas qu'elle me voit comme un monstre qui envoie son cousin en asile comme ça. "Alors comme ça tu te baignais."

Je cligne une ou deux fois des paupières, un petit sourire en réponse à Alex. "Oui, la prochaine fois, amène ton maillot, on nagera ensemble." Passer de simples moments ensemble, où nous parlons, rions, c'est ce que j'aime dans un couple. Juste un peu de calme de temps en temps, pour réapprendre les bases de la confiance. "Je reviens dans pas longtemps, je vais mettre quelque chose." De la main, je lui fais un petit signe et me rue vers mon dressing. Là, je ôte mon peignoir pour me vêtir d'une chemise bien trop grande et d'un large pantalon en lin beige. Il existe des tenues plus glamour mais je trouve que cela convient pour un samedi après midi que je vais passer chez moi.

"Excuse moi, je voulais juste être plus confortable." Je prends place sur l'un des tabourets et remplis mon verre de jus d'ananas. Puis je tourne mon regard vers mon nouveau copain, un léger sourire aux lèvres. "Qu'est-ce que tu veux qu'on fasse ? Tu veux qu'on parle de quelque chose en particulier ?" Personnellement, il faut que j'aborde l'affaire Sekai mais pas tout de suite. Ce serait peut être un coup un peu dur dès le début.

Avoir Alexei à mes côtés, surtout en cette période, c'est rassurant. Il est le seul qui sait, à propos de Maria, et celui qui me soutient. Je viens de perdre un de mes piliers, je suis heureuse de pouvoir me reposer sur l'autre. Il est également le seul qui ne jouera pas de ma faiblesse actuelle. La belle Miranda se fissure un peu mais il faut que je conserve encore un peu de ce masque pour faire bonne figure en public. "Hum, je sais pas trop. T'arrive à t'habituer à la vie dans une maison vide ? Je me doute que ça a pas dû être facile de mettre Dorofey en asile." Ma gorge se sert à l'évocation de mon cousin et je ne peux que me contenter d'un petit sourire crispé. Non, ça n'a pas été facile. Ça a même été la pire décision de ma vie. La plus déchirante.

"Tu voudrais pas qu'on aille se mettre dehors ? Il fait une chaleur étouffante." Hochant la tête, j'ouvre la marche, mon verre à la main. Il y a des transats et un hamac à côté de la piscine, nous y serons bien. Sur le chemin je lâche un grand soupire, sans m'arrêter. "Honnêtement, je ne sais pas si je réussirais à m'y habituer. Cette maison est grande et sans lui pour la rendre plus vivante j'ai l'impression de vivre chaque jour un cauchemar." Lorsqu'on a vécu, depuis son arrivée à la capitale, avec son cousin, le laisser partir ainsi crée un choc émotionnel. Mon cœur est comme brisé mais je n'avais pas d'autre choix. "Enfin bon... Je me dis que je lui ai peut-être sauvé la vie... Au moins, là-bas, il ne s'ennuiera pas." Un psychiatre excentrique au milieu des fous, oui, c'est certain qu'il s'y amuse plus que si il croupissait au fond d'une cellule.

Au pas de la porte, j'adresse un petit sourire à Alex pour tenter de le rassurer. Je ne pleurerais pas. Plus maintenant, je l'ai suffisamment fait ces dernières semaines. "Allez, viens, allons sur les transats. Tu peux aussi te tremper les pieds si ça te dit." Sans un mot de plus, je vais prendre place sur un siège et observe méticuleusement mon copain. Il est beau, tout de même, tout en muscles mais pas trop, avec un visage fin mais marqué. Oui, je fonds dès que je le vois. Et je ne dois pas être la seule. C'est pour ça que je dois tout faire pour ne pas le perdre.

Ce que je viens de dire la rend mal à l’aise, je le sais, malheureusement, il faudra bien qu’elle s’en remette. C’est une très mauvaise passe, mais elle peut surmonter cette épreuve, elle est plus forte que ça, on parle bien de Miranda Malatesta, pas de n’importe qui. Et puis, je serais à ses côtés si elle a besoin d’une épaule sur laquelle se tenir, peu importe qui on est, on peut avoir besoin d’aide. Elle ouvre la voie, verre à la main en direction du jardin. Pendant sa marche elle soupire et m’exprime la dureté de vivre dans une maison si grande, seule. Si on omet le fait que je passe plus de temps ici, que dans mon propre appartement, je ne sais pas comment je suis censé prendre l’idée que la maison est trop vide pour elle. Je ne me permettrais pas de faire une crise, parce que ce n’est pas mon genre, mais c’est moyennement encourageant pour la suite si ma présence ne lui suffit pas. Je ne suis peut-être pas présent tout le temps, mais on passe 85% de notre temps dans le même bâtiment, voir dans la même pièce entre le lycée et ici.

Ceci étant, mieux-valez mettre Dorofey en asile plutôt que de risquer sa vie et celle d’autrui, le connaissant il n’aurait pas aimé se rendre compte du mal qu’il aurait pu faire autour de lui quand il serait revenu à la raison.  Et puis, on peut toujours espérer que sa vie se passera mieux là-bas, même si j’en doute fortement, Miranda a l’air d’y croire, mais sommes-nous vraiment vivants si on nous empêche de vivre comme on l’a souhaité ? Pas sûr. Le sourire qu’elle me fait m’a l’air sincère, c’est une combattante, elle combattra le chagrin coûte que coûte, je le sais. « Allez, viens, allons sur les transats. Tu peux aussi te tremper les pieds si ça te dit. » Je me baisse pour remonter mon pantalon jusqu’aux genoux, histoire de ne pas trop me mouiller, et vais donc tremper mes guiboles dans l’eau turquoise, je pourrais vraiment sauter habillé. Mon verre à côté de moi, j’en prend une grande gorgée avant de reposer la boisson sur le sol. « Dis t’as prévu quelque chose pour aujourd’hui ? » Si l’un de nous ne finit pas trempé de la tête au pied avant ce soir, c’est que la journée ce sera mal passée.

Happée par la contemplation de ces jambes si parfaites, je laisse mon esprit divaguer sur diverses questions qui me passent par la tête. Alexei passe de plus en plus de temps à la maison et à dire vrai, lorsque celle-ci m'angoisse c'est quand il n'est pas là. Sa présence n'a pas remplacée celle de Maria mais elle a l'avantage de chasser mes peurs. Les nuits où il reste ici, j'aime sentir son corps chaud contre le mien. M'endormir ainsi contre lui me fait avoir des nuits paisibles, sans un seul cauchemar. Chaque matin je me réveille le sourire aux lèvres, sauf les jours où la place est vacante. Si notre relation continue de fonctionner, je finirai par lui proposer de vivre là. Mais avant je dois lui parler de Sekai. Je suppose que lorsque les vacances arriveront elle viendra à la maison et Alex se posera bien la question.

"Dis t'as prévu quelque chose pour aujourd'hui ?" Ayant une soudaine envie de le taquiner, je lui lance un sourire énigmatique et me tapote la lèvre, faisant mine de réfléchir. "Et bien, il me semble que j'ai rendez-vous avec un homme tout à l'heure. Il est grand, assez musclé, très virile, tout à fait mon style." Lui adressant un petit clin d'oeil, je prends une gorgée de ma boisson. "Honnêtement, il m'a fait tomber d'un simple regard. Si tu le voyais - par l'Unique - tu aurais envie de l'embrasser sans aucune hésitation." Le regard toujours malicieux, je pose mon verre au sol et viens à la rencontre de mon amant. Amoureusement, je me colle contre son dos et enroule mes petits bras autour de son torse. Je pose ma tête sur son épaule, mes lèvres près de son oreille. "Tu veux le rencontrer ? Actuellement il est sur le bord de ma piscine et il arrive à être sexy juste en plongeant ses jambes dans l'eau."

Le sourire aux lèvres, je le serre de nouveau contre moi avant de remonter mon pantalon et de m'assoir à ses côtés. Oui, vraiment, ces moments ensembles me font beaucoup de bien. "Dis ? Tu connais la petite Sekai ?"

La réponse de la demoiselle me laisse perplexe, je me retourne pour la regarder, pour voir si elle se joue de moi. Son petit clin d’œil m’indique que c’est effectivement le cas, mon attention est attirée par un rayon de soleil qui se reflète sur la surface de l’eau chlorée. Ce qu’elle me dit me fait sourire. Si on avait inversé les rôles, je me serais retrouvé avec un transat dans la figure, et j’aurais sûrement fini noyé sous ses proliférations d’insultes. J’aurais sûrement regretté ce que j’aurais pu dire à peine les mots seraient sortie de ma bouche, en attendant, on n’a pas inversé les rôles, et je suis toujours confortablement assis sur le rebord de la piscine. Et elle est encore assise sur son transat, enfin, je crois.

Pas le temps de me retourner pour voir que ce n’est pas le cas, je sens son corps contre mon dos, ses bras qui viennent s’enrouler sur mon torse, sa tête sur mon épaule, ses lèvres près de mon oreille. Ce moment est parfait. Et rien ne pourrait le gâcher. Elle termine sa phrase sans que je ne pipe mot et je n’arrive pas à me retenir de sourire, la manière dont elle me bonifie, dont elle fait mon éloge est presque ironique. Je suis loin d’être le plus bel homme sur l’île, et certainement pas le meilleur amant de la nymphe. Je suis certainement son petit-ami le moins bavard, surtout en sa présence, pour ne pas risquer de lâcher un mot de trop. C’est catastrophique, à se demander ce que cette femme fait avec moi. Elle se serre contre moi, avant de venir s’installer à côté de moi. Si nous avions été dans un film, le générique de fin se lancerait sur une belle musique. Le problème étant, nous ne sommes pas dans un film, et la musique, à l’heure actuelle, c’est le bruit des vagues de la piscine.

J’attrape mon soda et en bois une gorgée. « Dis ? Tu connais la petite Sekai ? » Je la regarde un instant, sans comprendre où elle veut en venir. « La petite Evasion qui voulait me marteler le crâne pour récupérer mon Joker, à qui j’ai d’ailleurs offert la clé, avec une simple partie de Shifumi ? Ouais, je la connais, avec de grands guillemets pourquoi ? »

L'Unique a vraiment des pensées impénétrables. Il y a quelques années je ne jurais que par la barbe et les hommes mûrs, désormais, me voilà avec un jeune homme rasé au poil près et n'ayant qu'une petite année de plus que moi. Je ne sais pas quand ça a changé mais je peux certifier une chose, j'en suis satisfaite. Il n'a peut-être pas autant d'expérience que mes anciens amants mais il a l'avantage d'être très bien fichu et endurant. Ainsi que pleins d'autres qualités évidement. Si je ne notais que sur le physique et la capacité au lit, je ne serais qu'une bimbo sans cervelle. C'est bien loin d'être mon cas. Assise à côté de mon amant, je viens poser ma tête contre son épaule en attendant sa réponse. "La petite Évasion qui voulait me marteler le crabe pour récupérer mon Joker, à qui j'ai d'ailleurs offert la clé, avec une simple partie de Shifumi ? Ouais, je la connais, avec de grands guillemets pourquoi ?"

Il me fait sourire. Au moins, ce n'est pas une élève avec qui il a une aversion particulière. Si il lui a offert son joker c'est qu'il n'y a pas de soucis entre eux. Rassurée, je relève la tête et lui offre un petit sourire sans grande joie. "Elle est orpheline depuis décembre de son père. Il était son dernier parent." Lorsque j'ai appris ça, je n'ai que pu en demander la garde. Cette petite a besoin d'être soutenue et même si j'ai plus l'âge d'être sa sœur, je veux pouvoir être à ses côtés et lui offrir un toit où elle peut se réfugier. "Vu qu'elle n'est pas encore majeure il lui fallait un tuteur et je... Je me suis proposée. La procédure s'est terminée il y a peu mais elle est désormais ma fille."

Je lui adresse un regard en espérant ne pas lire des émotions négatives dans ses yeux. Je n'ai pas envie qu'il rejette Sekai, je n'ai pas envie de me séparer de lui. "Ç-Ça ne te dérange pas, j'espère ?"

Son visage collé à mon épaule, je sens son sourire s’élargir à ma description rapide de la petite d’Évasion. Ce genre de sensation est vraiment les meilleurs. Se sentir prêt de l’être aimé, se sentir à l’abri de tous les problèmes du quotidien. En fait, c’est ce genre de moment où on n’a pas besoin d’y penser, on peut se laisser aller au gré du vent et respirer l’air frais sans se soucier de quoi que ce soit à part de l’instant présent. C’est aussi pour ça que je l’aime. Même s’il lui arrive de se fâcher contre moi, on peut vivre tous les deux sans soucis. « Elle est orpheline depuis décembre de son père. Il était son dernier parent. Vu qu'elle n'est pas encore majeure, il lui fallait un tuteur et je... Je me suis proposée. La procédure s'est terminée il y a peu, mais elle est désormais ma fille. » Je regarde mon amante, un peu surpris par cette révélation. Je me doute bien que ça n'a pas été une décision facile à faire, et puis, elle devait certainement avoir peur de me l’annoncer, sinon elle l’aurait déjà fait avant. Elle me regarde, je sens qu’elle a peur de ma réaction, pourtant il n’y a pas de quoi, je veux dire, j’ai toujours accepté ses choix sans rechigner.

« Ç-Ça ne te dérange pas, j'espère ? » Je lui fais un non de la tête. Pourquoi ça me dérangerait ? J’ai toujours été réglo et je lui ai toujours fait confiance, peu importe la situation. « Ça ne me dérange pas, je te fais totalement confiance, seulement, elle va continuer de vivre à Xényla ou tu l’héberges ici ? Histoire de savoir si un jour, je risque de me lever avec la surprise de la voir. » En attendant sa réponse, je retire mon maillot, le pose sur le côté et plonge dans l’eau. J’ai beau être en jean l’eau qui m’arrive aux épaules me fait du bien. Être dans la voiture, c’était un calvaire, surtout quand j’étais bloqué dans un bouchon. Là, j’ai l’impression d’être au paradis, le soleil me tape sur la gueule, les cheveux me tombent sur le visage, mais par l’Unique, c’est bon. Bon, c’était moyennement malin de ma part, vu que les seuls vêtements de rechange que j’ai à ma portée, ce sont mes vêtements sales du gymnase dans le coffre de ma voiture. « Tant que j’y pense, faudra que je nettoie l’entrée de ton garage, la fenêtre de ma voiture n’a pas apprécié la manière dont j’ai fermé la portière. » Je ne m’en fais pas pour les voleurs, elle n’est pas dans un si bon état que ça et les années qu’elle a dans les dents sont bien visibles. En fait, je le dis surtout pour éviter qu’elle ne crève ses pneus en voulant sortir sa voiture. Je me sentirais mal si ça devait arriver.

Mon regard se fait inquiet lorsque j'observe la réaction d'Alexei. Je dois avouer que j'ai peur de sa réponse. Et si il ne voulait pas de Sekai ou alors si il n'acceptait pas que je sois "Maman" de cette façon ? Pourtant, il secoue la tête, balayant d'un coup toutes mes craintes. "Ça ne me dérange pas, je te fais totalement confiance, seulement, elle va continuer de vivre à Xényla ou tu l'héberges ici ? Histoire de savoir si un jour, je risque de me lever avec la surprise de la voir." Je souris de sa réponse et me tâte à lui cacher qu'elle rentrera pendant les vacances, juste pour pouvoir voir sa tête si il la croise au détour d'un couloir un jour.

"Rassures-toi, elle ne sera là que pour les vacances. Le reste du temps, nous avons convenu de ne pas lui faire perdre ses habitudes." Rien ne changera, à part qu'elle rentrera à la maison dans les moments de congés. Je ne voulais pas m'imposer à elle comme ça. Toujours à tremper mes jambes dans l'eau, je regarde Alexei se déshabiller un minimum avant de plonger dans ma piscine. Je peux comprendre qu'il ait besoin de se rafraîchir, il a dû subir les bouchons à traverser toute la capitale. Du quartier Nord au quartier Sud, ce n'est pas une bonne affaire que de prendre la route. "Tant que j'y pense, faudra que je nettoie l'entrée de ton garage, la fenêtre de ma voiture n'a pas apprécié la manière dont j'ai fermé la portière."

Je lâche un soupir amusé en songeant à sa voiture que l'on pourrait plus appeler carapace ambulante. Je ne sais même pas comment elle peut encore fonctionner à la vue de son état plus que limite. Je lui achèterai peut-être une voiture d'occasion à son anniversaire. Ça me rassurera lorsqu'il m'annoncera qu'il prend sa voiture. "Pas de soucis. On fera ça quand tu partiras." J'ai bien envie de lui demander de rester aussi ce soir, juste pour pouvoir passer encore du temps avec lui. En ce moment, il me manque tellement facilement.

Je quitte l'eau quelques instants pour retirer mes vêtements et les poser sur l'une des chaises longues. Désormais en maillot de bain, je rentre progressivement dans l'eau et finis par nager vers Alex pour enlacer son cou et l'embrasser chastement sur les lèvres. Avec un petit rire, je le relâche et m'éloigne en quelques brasses. "Ça te dit de rester là ce soir ? Il me semble que j'ai des affaires à toi que j'avais lavé en plus." Avec le temps qu'on passe ensemble ici, il finit par oublier des affaires, ce qui se révèle d'ailleurs plutôt pratique.

Le soleil tambourine mon dos nu dans l’eau, mais je me rassure en pensant au calvaire que j’ai enduré en venant jusqu’ici dans mon vieux tacot qui me sert de voiture. A côté de ce que j’ai vécu dans ce véhicule, c’est limite agréable d’être accablé par les rayons de la boule de feu. Faut dire que l’eau de la piscine y est pour beaucoup. Ma belle soupire à l’énonciation de la vitre brisée, même s’il est clair que ça l’amuse plus que ça ne l’agace. « Pas de soucis. On fera ça quand tu partiras. » Je hoche doucement la tête et elle se lève pour retirer ses vêtements afin de se retrouver en maillot de bain et venir me rejoindre dans la piscine. Chaste baisé posé et la voilà repartie nager. Je souris comme un idiot, par l’Unique je suis heureux qu’on se soit remis ensemble. Ces quelques mois sans sa présence m’ont un peu retourné le cerveau. En fait pour être exacte, j’étais une loque, un légume qu’on traînait. D’ailleurs en parlant de ça, je n’ai jamais présenté mes excuses à Jun pour cette fois où je l’ai appelé totalement bourré pour qu’il vienne me chercher. En fait je crois surtout que c’est par honte et on veut certainement tous les deux oublier ce souvenir.

« Ça te dit de rester là ce soir ? Il me semble que j'ai des affaires à toi que j'avais lavé en plus. » Je la regarde, un léger sourire toujours scotché aux lèvres. C’est vrai que je laisse souvent mes affaires ici, ou tout du moins, je les oublie en pensant les ramener un jour chez moi. Ce que je n’ai jamais fait, et dans le cas présent, j’admets que c’est plutôt pratique. En même-temps, je passe plus de temps ici que dans mon appartement. J’ai l’impression de passer là-bas seulement pour voir si Jun n’a pas envahi le salon de plantes vertes, sans quoi je me verrais obliger de le jeter dehors enfin. En fait, c’est totalement puéril, mais ça vient des nombreuses blagues vaseuses que j’ai pu recevoir durant mon enfance. Ouais, avoir des cheveux verts ça aide pas, surtout quand tu te balade en forêt ou en pleine prairie parce que « Ohlala, mais tes cheveux se fondent dans le décor ! » Comme c’est drôle. « Si c’est demandé si gentiment, je ne peux pas refuser. » Je viens boire un coup de mon soda toujours posé sur le bord de la piscine avant d’immerger complètement mon corps. Je vide l’air de mes poumons pour venir me coller dos au fond de la piscine. Quand on est comme ça dans l’eau, on est calme et j’aime ça. Cet état stable où le calme règne dans mon esprit.
Evidemment, je n’ai pas d’autres choix que de remonter vivement à la surface, sans quoi je vais finir par me noyer. Une fois le visage sortit, je reprends ma respiration en haletant. C’est bien beau d’être calme et ainsi de suite, mais faut dire que le fond est quand même vachement bas dans sa piscine. Par contre, une chose est sûre, mon jean me gêne fortement. Je crois que c’est la fin de la baignade pour moi, mon jean va déjà mettre deux-trois bonnes heures avant d’être un minimum sec, autant ne pas trop en rajouter. Je pousse sur mes bras pour me remonter sur le rebord. « Mon jean va moyennement apprécier mon petit manège. »

Ce regard qu'il a pour moi, avec son petit sourire, ça me fait fondre, si vous saviez. Je crois que je ne clamerais jamais assez à quel point je suis heureuse que l'on soit de nouveau ensemble. Notre amour est, à coup sûr, un jeu du destin. Il est prédestiné à exister éternellement. Ça ne peut que renforcer ma croyance en l'Unique de de m'avoir fait rencontrer mon âme-soeur si tôt. "Si c'est demandé si gentiment, je ne peux pas refuser." Mon sourire ne se fait que plus grand à l'écoute de sa réponse. Qu'il refuse m'aurait paru étrange, certes, mais sait-on jamais. On peut avoir des surprises et puis, il aurait pu prévoir quelque chose avec Jun aussi. Je le laisse boire son soda tandis que je fais quelques brasses pour alterner les bords de la piscine. Même si je viens de la quitter, je ne, je ne me lasse pas de la sensation de l'eau sur mon corps.

N'entendant plus de bruit derrière moi, je me retourne pour chercher du regard Alexei, sans succès. Où est-il ? Soudain, je remarque une tâche verte au fond de l'eau et je comprends. Il vient juste de le refaire le coup de l'étoile de mer sous l'eau, un truc qui me fait flipper à chaque fois. Esquissant une grimace, je commence à m'approcher de la zone où il est. Je préfère être à côté si problème il doit y avoir. Heureusement pour mon petit cœur fragile, il remonte bien assez vite, tout haletant. Je vous jure, à quoi ça sert de finir dans des états pareils juste pour quelques secondes de paix ? Je soupire et repars un peu plus loin, tout en l'observant.

Il se hisse sur le rebord de la piscine, son jean trempé et tout collant. J'en lâche un petit sourire amusé à le voir faire. "Mon jean va moyennement apprécier mon petit manège." Ça c'est certain, il peut attendre deux bonnes heures avant d'être un minimum portable. Et encore, heureusement que ma piscine n'est pas chlorée mais salée, sinon ça aurait été pire. Je quitte l'eau également et viens à sa rencontre. Là, je lui pose une de mes serviettes sur les épaules pour qu'il se sèche et le regarde en souriant. "Enlève ton jean et étend le sur le fil à linge. Tu dois avoir un jogging propre dans une de mes armoires." J'attrape une autre serviette pour moi et sèche mon corps avant d'enrouler mes cheveux pour les empêcher de goutter. Comme ça, je peux remettre mes anciens vêtements.

Une fois habillée, je préviens Alex de ce que je m'apprête à faire. "Je commence à faire à manger. Tu viendras m'aider ?" Même sans écouter sa réponse, je sais qu'elle sera positive. Après tout, quel gentlemen espère passer une soirée en compagnie d'une jeune femme si il ne l'aide pas à faire à manger ?

J’inspecte mon pantalon d’un air las, j’ai l’impression d’avoir des poids sur les jambes tellement le tissu est imbibé d’eau. Je relève la tête en sentant la serviette sur mes épaules, j’étais tellement occupé à tordre mon jean que je ne l’ai pas entendu sortir de l’eau. « Enlève ton jean et étends-le sur le fil à linge. Tu dois avoir un jogging propre dans une de mes armoires. » Je m’essuie les cheveux vigoureusement et je remercie intérieurement ma petite amie d’avoir une piscine sans chlore. Si ça avait été le cas, j’aurais eu la chance d’avoir des cheveux comme de la paille. En fait, je me plains, je me plains, mais au moins, j’ai eu la chance de pouvoir me rafraîchir un moment. « Je commence à faire à manger. Tu viendras m'aider ? » Je suis toujours en train de m’essuyer les cheveux et le visage et la voilà déjà rentrée à l’intérieur. Je termine de m’essuyer avant de retirer mon bas.

Maintenant sec je rentre dans la maison en me dirigeant directement dans la chambre de ma belle, mon t-shirt en main. La pièce est imprégnée de son odeur, le contraire aurait été suspect. Je cherche dans le premier placard à la recherche d’un jogging qui peut potentiellement m’appartenir. Bingo. J’enfile le pantalon, ainsi que mon maillot avant de me diriger dans la cuisine. Je me place dans le dos de ma douce avant de passer mes bras autour de sa taille. Qu’est-ce qu’elle nous prépare de beau pour ce soir. Même si elle n’excelle pas dans la cuisine, elle arrive toutefois à nous faire des plats appréciables. Et puis quand ça n’est pas le cas, les restaurants qui font livraisons sont bien contents d’exister. Ce soir, ça va être une soirée sans prise de tête, comme je les aime. Je l’embrasse sur l’épaule. « Hm, ça à l’air bon, dis-moi. »