Amy - Play with me [Terminée]

-Maintenant que j’y pense, tu as bien évolué au fil des années. Je me souviens encore du jour où tu es née : c’était une nuit d’hiver et tu étais si fragile que je me demandais si tu pouvais tenir le coup face au froid de l’hiver. Je ne savais pas comment agir face à ta venue : j’étais bien jeune et je ne me sentais pas prête à être maman…
-Je n’étais qu’une erreur. De base, tu ne voulais pas avoir d’enfant et encore moins à 20 ans vu que tu voulais d’abord profiter de la vie… D’après ce que tu m’as dit, tes parents étaient très sévères et tu as longtemps été privée de toute liberté.
-C’est vrai. D’ailleurs, je ne m’occupais quasi pas de toi au début : je cherchais sans cesse une échappatoire pour fuir mon propre enfant pendant que mon fiancé faisait tout le travail. Mais j’ai rapidement compris que ce n’était pas de ta faute, que tu n’avais pas demandé à venir au monde…
-Jusqu’à mes sept ans, je n’ai eu que papa. Tu trouves que ta prise de conscience a été rapide ?!
-Ne sois pas insolente ou même sarcastique, veux-tu.  Je sais que ça n’a pas été facile pour toi de te sentir rejetée par ta propre mère, et ton père me l’a fait comprendre… C’est pour cela que tu devais endurer nos prises de têtes tout en te cachant. Réalisant qu’il avait raison, j’ai décidé de prendre mon rôle de mère en main mais malheureusement, je ne savais pas comment m’y prendre.
-Tu étais très sévère… J’avais peur de respirer parfois et j’étais obligée de passer mes journées à étudier et ce dès mon plus jeune âge ! Tu vérifiais que je me tenais toujours bien, que je lisais plus que nécessaire et que je ne faisais pas le moindre pli sur mes vêtements. Même m’éloigner de la maison m’était interdit !
-C’est vrai. Je subissais le même traitement quand j’étais chez mes parents et petite, je me promettais de ne jamais faire subir ce genre de traitement à mon enfant si je devais en avoir un. Pourtant, on ne peut pas toujours nier nos gènes et j’ai malheureusement hérité de celles de ma mère. Voilà pourquoi j’agissais ainsi avec toi. Tu ne devais pas être heureuse…
-Non, pas du tout. Je me souviens même que papa et toi vous vous disputiez sans arrêt à cause de ça. Mais au moins, ça m’a permis de découvrir que j’avais une passion pour la lecture ainsi que pour la musique vu qu’on m’apprenait à jouer de plusieurs instruments.  
-C’est vrai. Très jeune, tu as développé une excellente oreille musicale. Au fil du temps, tu parvenais même à trouver toute seule les notes et tous les sons de chaque musique et tu savais les reproduire avec brio. Tout le monde était étonné mais on était loin de se douter que c’était à cause de ton don.
-Avouez que vous avez eu peur quand ce pouvoir s’est renforcé. Moi-même je paniquais et je pensais devenir folle quand j’entendais murmurer à mon oreille.  Alors, je cherchais à oublier ça en me défoulant pour me changer les idées. C’est à ce moment-là que je me suis prise de passion pour le sport où j’étais plutôt douée !
-Très même. Te défier en ne voyant en toi qu’une fille qui a peur de se casser un ongle, c’est foncer droit dans un mur et se casser les dents. Même ta cousine t’admirait pour ça.
-Ne dis pas « cousine ». On s’est plus occupé d’elle que ses propres parents et c’est devenu ma petite sœur, pour moi.  Ses parents ne l’ont d’ailleurs jamais repris : ils ont décidé de quitter ce monde sans laisser un mot.
-Au moins, elle aura remplacé le frère que tu as perdu. Je n’en reviens toujours pas que la maladie l’ait emporté : rien à faire !  
-Elle ne remplacera pas mon frère, mais elle comble le vide qu’il a laissé derrière lui. Dis-moi maman, qu’est-ce qui a changé pour que tu m’acceptes réellement…
-Je ne sais pas. Je pense que les disputes quotidiennes m’ont permis de mieux comprendre la situation. Je t’observais, seule dans ton coin, et je ne te voyais jamais sourire. Je me suis rendue compte du mal que je te faisais et j’ai décidé de changer ça : hors de question que tu subisses ce que j’ai dû subir parce que je ressemblais à la femme que je haïssais le plus au monde.
-Cette décision m’aura permis de changer. Moi qui n’osais jamais dire un mot, je me retrouvais à jouer les 400 coups et profiter de ma liberté… Mais bon, ce n’est pas comme si j’avais abandonné mon rôle d’héritière des Onel.
-Non et je n’aurais pas voulu. En tant que riche famille et vu notre travail à moi et ton père qui est d’ailleurs souvent absent à cause de celui-ci, nous nous devons de garantir la succession. C’est pour ça que je voulais que tu reçoives la meilleure éducation possible et que tu apprennes à te défendre aussi bien mentalement que physiquement.
-C'est pour cette raison que tu m'as envoyé à Xényla ?
-Oui, je pense. Le fonctionnement de ce lieu est assez extrême sur les bords mais en même temps, j'y voyais une occasion de t'aider à te renforcer. Si tu combines les cours, aux rivalités et à l'utilisation des pouvoirs, tu te renforces et tu comprends mieux de quoi tu es capable. Tu es tout aussi bien placée que moi pour le savoir : c'est ce qu'il te fallait ! Je ne m’attendais juste pas à ce que tu te retrouves en Liberté.
-Je suis juste douée en sport et ça me permet de mieux me contenir. Je lis quand j’ai le temps, je fais de la musique quand j’en ai envie mais faire du sport en tout genre, j’en fais quasi tout le temps. J’ai le temps et j’en ai envie.
-En tout cas, je suis fière de voir que tu t’es toujours donnée à fond dans ce projet, surtout depuis que tu es rentrée dans ce lycée.  
-Oui ! J’ai toujours donné le paquet. Tu sais, j’ai toujours aimé m’y rendre malgré les conflits qu’il peut y régner…Ca m’a permis de découvrir des gens, de m’ouvrir au monde et devenir celle que je suis aujourd’hui. Je me sentais si seule avant.
-Je m’en excuse. Je te laisse vivre comme tu le souhaites du moment que tu n’oublies jamais qui tu es et pourquoi on te force autant à te surpasser. Mais ne te tues pas à la tâche pour autant.
-Tu aurais pu me le dire avant que je fasse un malaise à l’école l’autre jour à cause de la fatigue !